Cassini observait un astre brillant dans le nouveau télescope de l’Observatoire royal. Il jubilait devant cette découverte réalisée à l’insu de tous, dans la poussière du chantier du bâtiment encore inachevé. Réfléchissant déjà à un nom pour ce satellite de Saturne, il pensait à celui d’un Titan grec, eu égard à la grosse taille de l’objet céleste. Japet, peut-être.
L’image scintillante s’effaça furtivement. Un effet du brouillard ? Non, un coup d’œil à une fenêtre lui permit de s’assurer que le temps restait clair. Un voile passa à nouveau devant l’objectif, réduisant la visibilité de l’Espace. La saleté du chantier se soulevait-elle devant la lunette ? Sans doute pas, une légère averse plus tôt dans la soirée avait cloué toute poussière au sol.
Soudain, face à l’univers infini dont il observait et mesurait sans relâche les éléments, Cassini eut une fulgurance. Lui qui cherchait à établir la vitesse de la lumière depuis quelques années, il savait que le télescope montrait une image du passé. Et si seul dans la tour de l’Observatoire, il avait entrevu une image du futur ? Un futur où scruter le système solaire depuis Paris deviendrait impossible ? Paris, la cité des sciences et des découvertes ! Il frissonna et chassa cette idée d’un geste agacé de la main. Ses élucubrations l’empêchaient de se concentrer. Or, Japet attendait d’être étudié et révélé au Monde

26 octobre 1671 : date présumée de la découverte de Japet, satellite de Saturne, par Jean-Dominique Cassini à l’Observatoire de Paris encore en chantier.