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samedi 20 avril 2024

21 janvier – journée internationale des câlins

Le 21 janvier 2015 fut la première fois que le monde entier participa à la Journée Internationale des Câlins. Si l’approche d’un astéroïde de la taille de la Lune en était le principal responsable, l’étreinte globale ne se relâcha pas quand la sphère de roche effleura l’atmosphère, laissant finalement la planète entière.
Par la suite, il n’y eut plus de telle journée internationale. Tout le monde s’enlaçait spontanément, peu importait le jour, l’âge, le genre, la nationalité, la religion…

Anthony Boulanger


Louis se dit, in extremis, qu’il aurait bien préféré un câlin, quand la lame tomba.
21 janvier 1793 : on guillotine Louis Capet (Louis XVI)

Pierre Gévart


— Vous êtes sûr, monsieur le Président ?
— Mais ouiiiiiii ! Je leur pardonne ! À tous !
— Tout de même, ils ont tourné le dos à leur pays !
— Bah, c’est pas graaaave… Ils ont compris, il vaut mieux faire l’amour que la guerre ! Je refumerai bien un peu de mousse, moi…
21 janvier 1977 : le président Jimmy Carter pardonne aux déserteurs de la guerre du Vietnam.
21 janvier : jour de la mousse… et journée internationale des câlins

Sandrine Scardigli


— Joseph…je sens ma fin proche…
— Ne dis pas de bêtises, camarade Vladimir Ilitch. Laisse-moi plutôt te faire un gros câlin.
Le 21 janvier 1924, tandis que Lénine trépasse, Staline verse une larme à gauche.

Père Désoeuvré


Le cinéma jouait un nouveau film. Un petit événement à en juger par le nombre de personnes qui piétinaient sous la neige en attendant d’entrer. Pour Lizzy et son petit frère Owen, c’était une aubaine : avec cette foule, ils allaient pouvoir entrer discrètement et se reposer bien au chaud. Accroupis entre une grosse dame à lourd manteau de fourrure et une famille aux enfants chahuteurs, ils échappèrent à la vigilance des ouvreurs et gagnèrent un coin de la grande salle. Peut-être qu’ils allaient pouvoir fouiller quelques poches aussi. Mais le sommeil les saisit alors que le film défilait sur l’écran immense. Quand Lizzy rouvrit les yeux, tout le monde était parti ; seule une silhouette au milieu d’une route s’animait toujours sur le grand rectangle blanc. La fillette reconnut le vagabond du film et étouffa un cri quand il sortit de l’écran en se dandinant dans ses chaussures trop grandes. Effrayée, elle réveilla son petit frère qui s’étira et bâilla mais n’éprouva nulle peur quand Charlot les invita à le suivre avec de grands gestes désordonnés. Derrière lui, le paysage avait changé et des dizaines d’enfants se livraient à une bataille de boules de neige pendant que Mary Pickford, la célèbre actrice, préparait du chocolat chaud dans une cabane pimpante.
« Tu viens ? » pépia Owen en traversant l’écran pour rejoindre ses nouveaux amis.
Avait-elle le choix ? Lizzy rejoignit son frère et tous deux disparurent à jamais de cette réalité désenchantée.
1921, alors que sort le Kid de Charlie Chaplin, Peter Pan trouve un sérieux rival.

Nelly Chadour


Jacques souriait. C’était sa première fois. Il avait fabriqué sa propre pancarte et dessiné à la main les mots réglementaires : « câlins gratuits ».
On était le 21 janvier, il faisait froid. Tant mieux. Rien de tel qu’une bonne accolade pour se réchauffer…
Il avait choisi son horaire avec soin : il était près de midi, les employés de bureau du quartier se dirigeaient, en ordre dispersé, vers les restaurants les plus proches. Certains flânaient, prenant leur temps pour décompresser. C’est vers eux que Jacques tourna sa pancarte. Un jeune homme et une femme – la cinquantaine rayonnante – lui sourirent en s’approchèrent. Une chaleureuse embrassade plus tard, ils reprenaient le cours de leur vie, un léger sentiment d’euphorie au cœur…
Jacques se lécha les lèvres d’un coup de langue distrait. Tout s’était bien passé. La ponction – via un simple frottis sur le cuir chevelu à l’aide du collecteur confié par le passeur un mois plus tôt, le jour de son arrivée sur Terre – était sans douleur pour l’hôte. Le surplus d’ocytocine généré par le cerveau de la femme lors du câlin s’était révélé particulièrement savoureux. Elle ne ressentirait pas de manque et Jacques supporterait quelques semaines de plus l’atmosphère délétère de la planète. C’était un marché équitable, en somme.
Oui, vraiment, Zaborney et Amrita avaient eu une idée de génie avec leurs campagnes du « Hug me » et du darshan. Les réfugiés d’Alpha du Centaure ne pourraient jamais assez les remercier.

Pascal Bléval


« Ce matin, je vais avoir un câlin ! »
Voilà la première pensée qu’eut Louis en se réveillant. Il faut dire que ces six derniers mois avaient été difficiles à vivre. Même s’il vivait dans une tour assez cossue, son épouse et ses enfants ayant leur étage, Louis trouvait que la Tour du Temple avait quelque peu usurpé sa réputation quant à son hospitalité. Voilà qu’on l’appelait Capet. Quelle insulte pour le descendant en droite lignée bien tordue de près d’un millénaire de rois. Mais bon, c’était la mode, c’était la Révolution.
Et puis que diable ! Tout roi déchu qu’il était, cette journée ne pouvait qu’être bonne : on lui avait promis une petite sortie et une rencontre avec une certaine veuve. Suzette, s’il avait bien compris le nom qu’on lui avait dit.
Tout en joie, il alla embrasser ses enfants et vérifier que Marie-Antoinette n’était pas encore en train de réclamer, à corps et à cris, des macarons (les macarons, c’était avant…). Puis il fit sa toilette, mit une belle chemise blanche et attendit le barbier. Oui, oui, un barbier allait venir ! Quel luxe ! Il allait en profiter pour se faire raser de près et rafraîchir sa coupe.
Une fois apprêté, une charrette vint le chercher. Il défila au milieu des cris de la foule et finit par arriver place Louis XV.
Il descendit, gravit les quelques marches devant lui quand on lui dit :
« Citoyen Louis Stanislas Capet ! Je te présente Suzette, la dame qui veut te faire un câlin. Sache que tous ceux qui l’ont approchée ont perdu la tête… »
21 janvier 1793 : exécution de Louis XVI

Gédéon

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