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vendredi 29 mars 2024

26 octobre – journée mondiale des pâtes

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« Alors, Giuseppe, tu en dis quoi ?
— Ah, Victor-Emmanuel, je crois que tu as raison…
— Je savais bien que tu te laisserais convaincre !
— Face à ça, j’ai peu d’arguments à opposer, c’est vrai.
— Grazie, grazie, tu sais combien ton assentiment est important ! »
Puis, se tournant vers une estafette plantée près de leur table, Victor-Emmanuel lui fait un signe de la tête. Sur ce, l’estafette sort de la taverne en s’égosillant :
« Garibaldi l’a reconnu roi ! Viva VERDI ! »
Outré, Garibaldi s’étouffe avec ses pâtes :
« Victor, tu exagères, tu sais bien que je parlais della pasta, pas du royaume ! »

26 octobre 1860 : rencontre de Teano, entre Victor-Emmanuel et Giuseppe Garibaldi, au cours de laquelle la souveraineté de Victor-Emmanuel est reconnue sur le royaume des Deux-Siciles.

Sandrine Scardigli


(À chanter sur l’air de Félicie aussi, par Fernandel)

C’est dans un coin près de Carthage
Que se trouvait Félicissime
Rogatien dit sans ambages
« ll est temps d’aller sur les cimes
Allons donc convertir les foules »
Félicissime répondit « d’accord ça roule »

Rogatien s’met à prêcher
Devant une foule apeurée
Félicccime aussi
Rogatien lui dit d’se taire
Qu’il se contente d’une prière
Félicissime aussi
Et les voilà qui s’empoignent
Rogatien s’prend une avoine
Félicisimme aussi
La police arrive sur place
Le voilà dans la mélasse
Félicissime aussi

On fit alors venir le préfet
Aigri d’avoir interrompu son orgie
Traite les soldats d’empaffés
Et dit aux saints avec énergie
Tout ce que je peux vous garantir
C’est que vous avez mérité votre martyre

Rogatien est en prison,
on l’brûle avec des tisons
Félicissime aussi.
On lui écrase les doigts
Les orteils et puis les noix
Félicissime aussi
Et pour pas que ça s’infecte
On met du sel, d’la ciboulette
À Félicissime aussi
On comprend donc qu’il se traîne
Quand on le jette dans l’arène
Félicissime aussi

Voyant la foule en délire
Rogatien dit « on tient not’ chance
Réussissons notre martyre
Devant une telle assistance
On va enfin pouvoir faire carrière
Mieux que saint Paul ou saint Pierre… »

Devant le taureau qui l’accule
Rogatien dit « faut qu’on s’en… fuisse
Félicissimme aussi
Et pendant qu’il se confesse
Un fauve lui bouffe les… doigts
Félicsimme aussi
L’amour de Jésus qui l’habite
Lui fait gonfler sa grosse… foi
Félicissime aussi
Et c’est dans un état piteux
Qu’il se présent’ dans les cieux
Félicissime aussi.

26 octobre : célébration des saints Félicissime et Rogatien

Père désœuvré


Alors que le journal télévisé continuait de rabâcher ses informations, Alice marqua un temps d’arrêt. Que venait de dire le présentateur ? Aujourd’hui serait la journée mondiale de quoi ?! Un rapide tour sur internet lui confirma rapidement l’information : ce lundi 26 octobre était bel et bien la journée mondiale des pâtes. Des nouilles quoi !
Dépitée, Alice ouvrit son placard dans lequel elle conservait ses maigres provisions. Déjà que pour elle, c’était la journée des pâtes tous les jours, étudiante qu’elle était… Si en plus, elle devait les célébrer toute une journée ! Même pas en rêve.
Comme un acte de rébellion silencieux, Alice ouvrit un paquet de riz. Ce 26 octobre serait la journée mondiale du sauvetage des pâtes. Na.

Bénédicte Coudière


En ce 26 octobre, tandis que d’autres mettaient à cuire leurs pains, brioches, choux ou crêpes, lui travaillait une autre pâte. Il la malaxait depuis un long moment, pour lui donner la consistance la plus simple à modeler. La forme était un paramètre clef. Il jeta un dernier œil sur la recette, trouvée sur un vieux parchemin ramené par un ancêtre du Vieux Continent, mais sans la relire. Il la connaissait par cœur.
Voilà, c’était bon. Plus qu’à mettre au four et attendre. L’argile allait accoucher d’un garde du corps à la hauteur des moqueries qu’on faisait sur lui. Il allait montrer à toutes ces brutes s’il était réellement une bonne pâte.

Anthony Boulanger

— Pesto ?
— Berk ! Je préfère bolognaise.
— Encore ? Non, carbonara ?
— Tu n’as pas encore plus lourd ?
— Pfff, c’est toi qui commences à être lourd !
— Ok, on reviendra sur la sauce après. On choisit d’abord les pâtes. Spaghettis ?
— On va s’en mettre partout !
— Coquillettes ?
— On n’a plus trois ans !
— Tu n’es qu’une nouille !
Les pâtes, première cause de divorce.

Laurie E.


Le gastronome fit tournicoter sa fourchette dans l’assiette fumante.
« La multiple diversité des recettes de pâtes n’a de cesse de m’épater. Sans mauvais jeu de mots ! Lucky Luciano les dégustait avec du fenouil sauvage et des sardines. Poisson trop bavard ? la Mafia l’a rendu muet comme un carpe. Dans la région napolitaine, les prostituées se préparaient leurs spaghettis avec un coulis parfumé pour reprendre des forces et attirer le chaland, donnant le nom de leur vieux métier, puttanesca, à cette sauce roborative. Bologne n’a plus l’exclusivité de la bolognaise, on en trouve aussi à Cologne, le pesto rouge ou vert ne fait pas pester à Budapest… Bref ! le monde entier est fou des saveurs italiennes. Sauf la Lybie. Une seule sauce leur convient, celle de la colère, pour ne pas oublier la colonisation : l’arrabiata*. »

*NdA : « enragée » en italien.

Journée de deuil à la mémoire des victimes de la colonisation italienne en Lybie.

Nelly Chadour


— Des quoi ?
— Des Spaetzeles.
— Et ça s’écrit comment ?
Isabelle eut une petite moue qui fit briller le duvet sur sa lèvre. Les spots ne mettaient pas les physiques en valeur ; Maria le savait bien, la maquilleuse lui ayant ordonné de porter des manches à cause de ses bras trop poilus. Maria ne s’était pas rendue compte à quel point elle avait retenu tous les mots grossiers entendus dans la cuisine de son père. Ils avaient bien résonné dans la loge.
— En fait, ça dépend du lieu. Nous sommes une petite région, mais il y a presque autant d’orthographes que de cuisiniers.
Ichiro étouffa un ricanement :
— Au moins, les gens savent que ça vient de chez vous ! Combien de fois j’ai dû répéter que les nouilles japonaises ne se préparaient pas forcément comme les nouilles chinoises !
Son comparse hocha la tête :
— On a dû insister avec la production pour qu’ils acceptent plus d’un « asiatique ».
Maria se joignit à la critique :
— Vous avez bien vu qu’ils ont osé mettre des petits hommes verts à l’entrée. J’ai eu peur d’entendre un « j’ai les mêmes à la maison » en passant devant la salle de mixage.
— Pour nous venger, donnons-leur une belle indigestion par l’énorme quantité de pâtes que nous allons leur servir. Pour moi, ce sera avec de la crème et des champignons.
— Une bolognaise avec des boulettes artisanales pimentées.
— Je vais passer du canard laqué au poisson, cela aidera à digérer… un peu.
— Et nous finirons avec un kare ; j’ai fait mon apprentissage en Inde, ça leur apprendra.

Note : le kare est un curry japonais.

Célia Deiana

Illustration : Bénédicte Coudière

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