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jeudi 28 mars 2024

28 octobre

Je suis une petite fleur comme les autres, née de la rencontre d’une graine et de la terre.
Très jeune, j’ai été accueillie par une charmante petite famille. Enfin, c’est du moins, ce que je croyais. Les années passant, j’ai commencé à manquer d’air. Je me sentais à l’étroit et il arrivait que je perde une fois ou l’autre quelques pétales. Mais je m’y faisais. Je passais mes journées à admirer l’horizon avec sa belle grande dame verte qui y trônait et ça m’occupait.
Tout a cependant changé avec l’arrivée de Chloé.
Au départ, nos rapports ne furent pas très amicaux, cette rondelette petite larve avait comme des vues sur moi. J’ai le sentiment bizarre qu’elle aurait bien souhaité me croquer !
Mais, – par malheur ou bonheur, à vous de choisir – elle fut vite découragée par une paroi de verre qui lui empêchait mon accès ! Ah ! La voilà la raison de mon sentiment d’oppression ! Quelle bonne affaire ! Au moins, j’étais protégée !
Contre toute attente, et vu que tout conflit d’intérêt avait été levé, une amitié commença à germer entre la gourmande chenille et moi-même.
Un jour cependant, ma chère Chloé ne vint plus me rendre visite. Je fus triste et m’imaginai multiples tragédies. Ma vie devint morose et l’asphyxie se fit grandissante. Je commençai à vraiment étouffer sous ce verre. Quelle torture que de pouvoir admirer la beauté du monde mais de ne pouvoir s’y déployer ! J’aurais tout fait pour m’en échapper !
Un matin, à la lueur du jour, apparut un insecte ailé joliment coloré. Je n’en avais jamais vu d’aussi beau ! Et alors que je me perdais dans mon admiration, j’entendis une voix que je reconnue : c’était Chloé !
Quel bonheur de la retrouver ! Pendant tout ce temps, elle s’était sacrément transformée ! Et devinez-quoi, elle était revenue pour me libérer ! Deux grands coups d’ailes eurent raison de ma prison de verre, ses pattes m’attrapèrent et ensemble nous prirent le large. A moi la liberté !
Chloé me déposa aux pieds de la vraiment très grande dame verte. Mais je peux vous dire que, de bonheur, je me sentie, ce jour-là, aussi grande qu’elle ! Elle, qui m’avait si longtemps inspirée, était devenue ma réalité ! J’étais libre et je pouvais enfin embaumer la terre de toutes mes plus belles senteurs !

28 octobre 1886 Inauguration de la statue de la liberté.

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