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samedi 23 novembre 2024

15 janvier

15 janvier 1971, en amont du barrage d’Assouan, sur un promontoire rocheux.

— Vois comme le peuple est heureux, mon frère.

— Ce bonheur est payé du sang et de la sueur des hommes qui ont bâti cet édifice, tout comme ils périrent autrefois sous le fouet pour ériger les pyramides.

— Cela te peine, mon frère ? Que t’importe la vie de centaines de nos serviteurs, si mon sanctuaire est sauf ? Je n’étais plus qu’une faible pensée, prête à vaciller et me perdre dans les eaux du Nil. Hommes et femmes venaient en barque se repaître du spectacle navrant de mon temple englouti. Je ne regrette rien. Lorsque le vent s’est levé, je leur ai ordonné d’agir pour sauver ma mémoire et ils ont obéi.

— Et maintenant, ma sœur, mon aimée, ma tendre Isis, que vas-tu faire ?
Une brise tiède, douce, s’enroule dans les vêtements de la déesse.

— Ils viendront du monde entier admirer les splendeurs de notre gloire passée. Chaque jour, des milliers d’entre eux se presseront dans mon temple. Je reprendrai des forces.

Le vent léger trouble l’onde et souffle jusqu’au sommet du barrage où les présidents Anouar al-Sadate et Nikolaï Podgorny tranchent les deux longs rubans verts. Une pensée éphémère s’imprime dans leurs esprits. Le temple de Philæ, sanctuaire d’Isis, les appelle.

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