« Papi, papi, s’il te plaît raconte-nous ton histoire !
— Si vous insistez !
» Un beau matin, une agitation inhabituelle déferla dans la pièce.
Pourquoi tant de stress ? De toute évidence, un grand événement s’organisait !
Toute la famille était réunie et se questionnait.
Mon cousin Schneider, bilingue, nous expliqua : il s’agissait d’une rencontre officielle pour sceller une amitié naissante, d’une portée importante.
Et vous savez comme dans ces cas-là les êtres humains aiment tout mettre sur papier.
Quelle veine d’ailleurs pour les stylos que nous sommes !
Grand-mère s’empressa d’astiquer mon costume. Je luisais de toutes mes couleurs ! Pourvu, pourvu que ce soit moi l’élu !
Nous nous tenions là, tous alignés.
Et le moment tant attendu arriva : une main s’approcha, fouilla, nous chatouilla…
Quoi ? Que se passe-t-il ? Quelle est cette sensation de légèreté ? Je vole ! Je vole… vers mon destin ! Hourra !
Le contact avec le sol fut cependant fort rude.
Une grande panique s’empara de moi : et si je n’y arrivais pas ?
Ce n’était vraiment pas le moment de faire preuve d’incontinence ni de tomber en panne sèche !
Alors que la frayeur me terrassait, je sentis une douce chaleur m’envelopper. Vous savez ? Cette chaleur que seules les mains bonnes et confiantes peuvent transmettre.
La peur fit alors place à l’honneur et c’est avec fierté que votre grand-père se laissa guider !
Ce jour-là, c’était moi ! »
Applaudissements.
22 janvier 1963.
Signature du traité de l’Elysée qui fixe les objectifs d’une coopération accrue entre l’Allemagne et la France.
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