— Tirel, dis-moi, c’est pas maintenant qu’ils sont censés nous exfiltrer ? demanda Mirus à son voisin de droite d’une voix incertaine.
— Je crois bien que si, répondit ce dernier.
En face d’eux, le peloton d’exécution était aligné comme à la parade. Les soldats préparaient leurs armes. Mirus crut entendre l’un d’eux siffloter gaiement.
— Alors qu’est-ce qu’ils attendent ? Je crois bien que j’ai eu ma dose d’adrénaline, moi. Ça suffit, je veux rentrer chez moi.
— C’est quand même vachement plus réaliste que ce à quoi je m’attendais. Pas comme au cinéma, même avec la 5D. J’ai vraiment les pétoches, renchérit Tirel tandis que les fusils se tournaient dans leur direction.
Un officier s’avança et leva son sabre de cavalerie vers le ciel. Quelques secondes s’égrenèrent dans un silence de mort. Une mouche vola, qu’un corbeau goba joyeusement. Le silence retomba tel la chape de plomb sur la pierre tombale.
— Merde, dit Mirus.
Tirel hocha la tête.
L’officier abaissa le bras et les armes crachèrent leur mortelle sentence.
*
Le 9 mars 1942, sept combattants des Bataillons de la jeunesse sont exécutés au fort du Mont-Valérien. Parmi eux, deux voyageurs du temps en quête de sensations fortes.
Un mouvement de grève inopiné au XXXe siècle, suivit d’un reboot foireux des serveurs de « Live-Back », société spécialisée dans les voyages vers le passé, empêchèrent le rapatriement de Mirus et de Tirel vers leur époque d’origine.
« La perte des données cognitives au moment précis où le retour allait s’enclencher rend impossible la restauration des puces mémorielles de nos deux malheureux clients. C’est un regrettable incident, qui ne remet nullement en cause la fiabilité du système « Live-Back » dans son ensemble », dira plus tard l’attaché de presse de la société.
9 mars 1942 – Procès du Palais Bourbon