— Que se passe-t-il ?
— On a un problème avec Gaudi. Il pète les plombs.
— Vraiment ? Il a pourtant été parfait jusqu’ici. Les humains le prennent pour un génie, alors qu’il ne fait que les préparer à notre colonisation en douceur. Nous devons faire en sorte qu’ils croient être à l’origine du progrès. J’espère qu’il ne s’est pas montré sous sa véritable apparence, au moins ?
— Non, non. Ce n’est pas ça. En fait, il s’est attaché à ces humains et il se prend un peu pour leur sauveur. Aujourd’hui, il a dévoilé les plans de la cathédrale La Sagrada Familia.
— Mais c’était prévu, une magnifique construction qui rayonnera mondialement. Et elle restera un modèle même si sa construction dure un siècle.
— Justement, le problème est là. Il raconte qu’il est capable de la terminer dans les trois mois.
— Quoi ! Mais il perd la tête ! S’il utilise notre technologie, nous serons découverts. Et ces cons d’humains n’auront la paix qu’après nous avoir éliminés.
— Il est maintenant en route pour l’évêché. Je demande votre permission pour le neutraliser.
— Accordée ! Et faites en sorte que ça ressemble à un accident.
Le 7 juin 1926 Gaudi est renversé par un tramway à Barcelone et décède quelques jours plus tard.
Dans une cave obscure quelque part au Portugal.
— Mon souverain, si le Pape l’apprenait, vous seriez excommunié.
— Excommunié par un Borgia ? Mais c’est un sauf-conduit pour le Paradis. Il est hors de question de laisser aux Espagnols l’exclusivité sur le Nouveau Monde. Nous avons droit à notre part.
— Oui, Votre Altesse, mais invoquer des divinités païennes comme Jörd, vous ne trouvez pas que c’est bizarre pour un roi catholique portugais ?
— Ne me mets pas dans le même panier que ces cons de rois espagnols. Ce sont eux les rois catholiques.
— Je vous en conjure ! Vous allez réveiller des forces fantastiques.
— Nous allons remodeler le monde ! Le Portugal doit avoir sa part de ce nouveau continent et pas n’importe laquelle ! Dussé-je faire appel au diable.
Le traité de Tordesillas est signé le 7 juin 1494 établissant le partage du monde entre l’Espagne et le Portugal de part et d’autre du méridien Nord-Sud passant à 370 lieues à l’ouest des îles du Cap-Vert. L’Espagne espérait ainsi coloniser à elle seule le Nouveau Monde, laissant l’Afrique au Portugal. Cependant, le Brésil découvert six ans plus se trouve à l’Ouest de cette ligne de partage.