Au son des cloches, maman se figea. Je vis des larmes rouler sur ses joues avant qu’elle ne cache sa figure dans son tablier et, dans ma petite tête d’enfant, naquirent les pires angoisses.
Je me souvins de cette nuit terrible, quand je dormais chez les sœurs, le temps que ma mère se remette de la naissance de mon petit frère. Mon père brava le couvre-feu pour me ramener à la maison et nous marchions à travers bois, nous nous cachions dans les buissons dans la crainte des uniformes allemands, tandis que les explosions, les sifflements, les panaches de lumière emplissaient le ciel normand.
Nous partîmes le lendemain, abandonnant notre foyer dernière nous, pour fuir l’approche des combats. Parfois, les cadavres des soldats bordaient les routes, et l’image de corps déchiquetés se grava en moi.
Je me souvins du cri du soldat américain qui arrêta son camarade juste à temps :
— Dont’t shoot ! That’s a kid !
Les cloches carillonnaient toujours lorsque maman posa doucement la main sur ma tête.
— La guerre est finie, balbutia-t-elle, c’est la paix.
Le 8 mai, d’après les souvenirs de ma grand-mère.