Toc-toc… « Albert ! » Toc-toc… « Albert ! » Toc-toc… « Albert ! »
19 h 30 à la pendule. Qui donc insiste comme ça ? On n’attend personne, pourtant. Mileva, dans la cuisine, prépare une goulache bernoise dont le parfum embaume tout l’appartement. Albert, en pantoufles, va ouvrir la porte.
Deux jeunes gars. En combinaisons rouges, un éclair jaune stylisé sur le torse. Le plus petit, un brun anxieux à grosses lunettes, marmonne en anglais :
« Très mauvaise idée… »
L’autre, grand escogriffe au visage lunaire, a l’air transporté. Avec un sourire dément :
« C’est bien lui ! »
Bras écartés, il s’avance pour étreindre Albert, lequel tente de claquer la porte. Le type la coince avec le pied, poursuit en allemand :
« Je suis votre plus grand fan ! L’article qui sort aujourd’hui… Quelle clairvoyance ! L’élimination de l’éther ! La constance de c dans tous les systèmes de référence en mouvement uniforme ! »
Albert s’est figé. Qui sont ces types ?
« Pourtant, cher collègue, vous n’avez pas vu toutes les implications !
— Toutes les… ?
— Vous n’avez pas intégré la gravitation ! La courbure de l’espace-temps ! Et aussi… »
Malgré lui, Albert s’est effacé, leur a indiqué le salon. Le petit murmure, suppliant :
« Sheldon ! On s’en va ! On change l’avenir, là !
— Oui, Leonard. C’est bien pour ça que j’ai inventé le chronotranslateur Cooper ! »
Et, comme le grand s’assoit dans le canapé, tout à gauche – du moins, dans son référentiel –, il se frappe la paume du poing en s’exclamant : « Bazinga ! »
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26 septembre 1905 : Albert Einstein, qui habite alors un petit appartement au 2e étage du 49 Kramgasse, à Berne, et travaille à l’Office des Brevets de la même ville, voit paraître dans la revue Annalen der Physik son article « Zur Elektrodynamik bewegter Körper », jetant ainsi les bases de la théorie de la relativité restreinte.
Leonard et Sheldon sont les héros de la série The Big Bang Theory.