Depuis ce jour terrible, je revois chaque nuit cet enfant indien allongé au sol, face contre terre. Je lui avais attaché les bras dans le dos et Mack avait fait de même avec une fillette, juste à côté.
Ce que nous fîmes ensuite ne peut s’expliquer. J’étais comme possédé. Oui, c’est ça. Mack et moi, et tous les autres, nous devions être possédés. Comment expliquer, autrement, que nous nous acharnâmes ainsi sur ces enfants, jusqu’à tous les tuer ? Avant cela, nous avions massacré leurs pères et violé leurs mères.
Depuis, je les revois en rêve, ces êtres auxquels j’ai ôté la vie. Seulement, ce ne sont plus des Indiens Shoshones que je martyrise. Au moment où je vais pour les achever, les visages se brouillent, fondent, disparaissent.
Et à leur place, c’est chaque fois mon fils, Thomas, qui me regarde sans comprendre. Il pleure.
Je me réveille alors en sursaut, en sueur, transi de froid.
C’est pourtant en héros que nous avons été accueillis, à notre retour de cette expédition punitive.
Pourtant, plus j’y pense, plus j’ai honte d’en avoir été. »
Le 29 janvier 1863, à la suite de l’escalade de violence entre colons et Indiens Shoshones près de Preston, dans l’Idaho, le colonel O’Connor affronte 300 Indiens. Un terrible massacre s’ensuit…