Alors qu’il s’éloignait de la colline, Joseph contemplait l’outre entre ses mains. De belle facture, en cuir de bouc, elle l’accompagnait fidèlement partout où il se rendait. Il l’avait amenée avec lui pour abreuver Jésus et adoucir sa peine.
Le prophète l’avait encouragé à s’en servir de récipient. Pour son sang. Sans vraiment comprendre, Joseph avait obtempéré et récolté le liquide carmin qui suintait des plaies. Dans cette outre toute simple…
Un liquide aussi précieux pouvait-il être contenu dans un récipient aussi trivial ? Non.
Joseph se rendit au marché le plus proche. Il choisit le plus beau des canthares : larges anses, métal précieux, décoré avec goût. Parfait.
Il transvasa le sang du Christ dans ce calice. De toute beauté ! Il attrapa la coupe pour l’admirer à la lumière. Son pied accrocha un relief au sol. Joseph trébucha et le récipient lui échappa des mains, le sang se répandit sur la terre battue, piétiné par les passants qui n’en avaient cure.
Joseph ne put retenir un cri de douleur face à son erreur. Sa vanité. Les avantages de l’outre prirent tout leur sens.
Trop tard.
17 mars : Saint Joseph d’Arimathie