L’aînée, le regard tourné vers les eaux rougies du fleuve, soupire à l’adresse de sa cadette :
— Tu grandis, tu te fais belle, tu te plies à leur volonté, tu essaimes tes enfants et les vois s’émanciper, et puis quand tu es vieille, et te crois sage, alors les hommes s’éloignent de toi, se disputent tes parures puis ils t’abandonnent. Bien peu pleurent ta beauté passée, il faut juste espérer que parmi ceux-là, certains œuvrent à garder vivant ton souvenir et préparent ta renaissance.
— Ah, alma mater, rétorque la belle insouciante, alanguie sur le rivage, tu es bien gentille, mais je ne suis pas aussi imprudente que toi. Il en coulera de l’eau, avant que je ne cède mon trône à quelque jeune ambitieuse.
— Mon enfant, c’est tout le mal que je te souhaite. Profite de ta gloire, mais ne te moque pas trop de ta vieille mère : ton nom ne fera pas si vite oublier le mien !
Le 11 mai 330, Constantin choisit pour capitale officielle de l’Empire romain la « Deuxième Rome » qu’il fonde à l’emplacement de la cité de Byzance et rebaptise Constantinople.