Bataille de Mantinée
Depuis le lever du soleil, les troupes arcadiennes défilaient devant nous, sans daigner regarder dans notre direction. Ils étaient hors de portée de nos lances, mais le bras me démangeait à l’idée de lancer mon javelot malgré tout.
Cependant, j’étais spartiate et l’ordre d’attaquer ne nous était pas parvenu. Nous n’avions pas pour coutume de fondre sur une armée sur le point de bivouaquer et c’était bien ce que semblaient faire les Thébains et leurs alliés.
Pourtant, un doute étreignait mon cœur. Il m’avait paru que nos ennemis étaient plus nombreux.
Si j’avais pu lire l’avenir dans les entrailles d’une volaille, comme le font les oracles, j’aurais su. Et j’aurais fui sans attendre.
Car bientôt, alors que les Arcadiens venaient de poser l’arme à terre, une grande clameur se fit entendre, en provenance de nos ailes droites et gauches. En un éclair, le chaos se répandit dans tout notre camp.
Un instant plus tard, je reçus un mauvais coup sur le crâne et perdit connaissance.
Lorsque je revenais à moi, j’étais seul sur le champ de bataille. Je compris très vite ce qui s’était produit : des deux côtés de la plaine, le sol s’était ouvert, comme déchiqueté de l’intérieur par un Dieu. Sans doute, des soldats avaient jailli du plus profond des enfers pour se jeter sur nous en hurlant tels des damnés.
Des corps, inhumains, aux membres difformes, aux crocs et griffes démesurés, gisaient çà et là autour des puits sombres, confirmant mes soupçons : avant même le début des combats, nous étions condamnés…
Le 4 juillet 362 av. J.-C, les Thébains et leurs alliés affrontent les Spartiates et les Mantinéens. Les Thébains l’emportent, mais la mort de leur chef, Épaminondas, et de ses deux successeurs désignés les empêche de profiter de leur victoire.