L’homme se planta devant le maréchal Ney et le toisa de toute son imposante stature.
— Je me fais fort de faire plier la garnison ainsi que la population de Magdebourg. Et ce, sans coup férir ou presque. Qu’en dites-vous ?
Dehors, en cette nuit du 1er au 2 novembre 1806, les ombres s’étiraient tels des fantômes sans consistance. Sous la tente, l’atmosphère était lourde, poisseuse et emplie de vibrations surréelles.
Tout d’abord, Ney voulut refuser l’offre du magicien dont il ignorait jusqu’à l’identité réelle. Pourtant, il sentit soudain fléchir sa volonté. Alors, il apposa sa signature au bas du parchemin le liant, lui, ses hommes, ainsi que le peuple français dans son ensemble, à cet homme étrange, d’allure sombre.
Ney crut voir des cornes pousser sur le crâne du mage, mais l’impression fut trop fugace. Il imagina avoir rêvé.
Peu après, deux mortiers et un obusier, comme jaillis de nulle part et emplis de substance chimiques venues d’ailleurs, furent installées à portée de la ville endormie.
Pendant ce temps, une troupe de mineurs nains commença à creuser le sol. Bientôt, ils déboucheraient sur la place principale de Magdebourg, accompagnés du mage.
Celui-ci, aidé par le nuage sulfureux déversé par les pièces d’artilleries, n’aurait aucun mal à saper le moral des habitants ainsi que celui du général Von Kleist.
Oh, bien sûr, l’imbécile ne manquera pas de tenter une sortie avant de capituler, songea le mage. Mais qu’importe ! Cela ne fera que précipiter quelques âmes de plus dans mon escarcelle ! Et j’y aurai gagné ce contrat, signé de la main de Ney et qui engage une nation toute entière ! Hum, j’en salive d’avance…
Le 4 novembre, le général Von Kleist tente une sortie, mais ses soldats n’y croient déjà plus.
Magdebourg capitule le 8 novembre et la garnison entière est faite prisonnière. Mais cette victoire apparente scellera le destin de la France et de ses alliés lors des futures guerres Napoléoniennes…