— Et un ! Et deux ! Et trois, zé-ro ! brame Aimé en inscrivant son troisième but dans les cages de son adversaire.
Ce dernier ramasse la balle du babyfoot, esquisse un geste pour la remettre au centre, mais la garde au creux de la main. Il la lance à la verticale et la rattrape plusieurs fois.
— C’est bon, j’abandonne, tu as gagné… Je peux avoir l’équipe de France, maintenant ?
— On avait dit qu’on allait jusqu’à 7 points avant de changer de terrain, râle Aimé.
— Allez, quoi ! supplie l’autre. C’est toujours toi qui joue les gagnants.
— Pfff, l’équipe n’a rien à voir avec le score. T’es nul, c’est tout.
— Bon, s’énerve Raymond, tu me laisses les Bleus ?
— O.K., O.K.
Une voix forte s’élève à l’entrée du café. Les deux garçons se redressent d’un même mouvement inquiet :
— Jacquet, Domenech, qu’est-ce que vous fichez là ? Vous séchez encore le cours de maths ? Vous croyez que c’est en jouant au babyfoot que vous allez gagner votre vie ?
Leur professeur principal a l’air furax. Et il a des copies à eux à corriger… Les deux amis sortent la tête basse, sous les applaudissements et les ricanements des clients.
12 juillet 1998 : la France gagne la coupe du Monde contre le Brésil 3-0