« S’il te plaît, dessine-moi un mouton. »
Il leva la tête, encore sonné par la chute, ne se rappelant plus de rien, ou du moins, pas de grand-chose. Assis sur le sable, recouvert de poussière, il regarda le môme. Celui-ci n’était pas blond, ne portait pas de pyjama vert ni d’écharpe rouge. Il ne ressemblait pas à quelqu’un qui vous demanderait de dessiner un mouton, là, comme ça, en plein désert.
Il tenta de se lever, sans succès. Pourtant, il y avait urgence : il fallait rejoindre la caravane, retrouver son pilote, essayer de rattraper les coureurs.
« Comment t’appelles-tu ? » demanda-t-il, puisque marcher lui semblait être impossible pour le moment.
« Et toi ?
— Daniel. Mais je ne sais pas dessiner, pas très bien. Je n’ai rien sur moi. »
Le garçon pencha la tête sur le côté. Daniel ne se formalisa pas, ni que le garçon le regarde comme une chose bizarre ni qu’il ne lui ait pas donné son nom.
La peau noire du garçon ne reflétait rien, alors que le soleil explosait de lumière les dunes de sable. Même ses yeux aussi sombres que le fond d’un puits ne semblaient rien exprimer, rien donner.
Et puis, d’un coup, son sourire illumina les environs et Daniel ressentit en son cœur une chaleur et un amour comme il n’en avait jamais connus, sauf peut-être dans ses chansons.
« S’il te plaît, construis-moi de l’eau. »
Le 14 janvier 1986, Daniel Balavoine et son pilote s’écrasaient en vol lors du Paris-Dakar. Le chanteur profitait de la manifestation sportive pour faire installer des puits dans le désert ; on ne peut pas dire que son héritage ait été suivi par les guignols dans leurs bagnoles…
Très simple, très beau. Félicitation pour ce texte.
[…] concept des Microphémérides. Et aujourd’hui, c’est moi qui m’y colle avec une micro-nouvelle sur Daniel Balavoine, à l’occasion de l’anniversaire de sa disparition. Je serai encore présente à une […]