9 mars 1661
Jules était resté alité. Il savait ses derniers instants proches. Bien que tout espoir fût vain, il espérait juste que son royal filleul et son amour interdit auraient le temps de venir lui dire adieu.
9 mars 1982
— Madame, il va falloir y aller. Il est bientôt l’heure
— Très bien. Allons-y, j’ai hâte qu’il soit là.
Anne entra la première, suivie par tout un attroupement. Décidément, elle ne pourrait pas dire adieu à Jules, en toute intimité, ni enfin lui dire ce que tous deux savaient déjà.
— Comptez à rebours. Dans quelques minutes, vous vous sentirez plus… légère.
— 10, 9, 8…
— Oups, on y est ptet allé peu fort ! La ptite dame est vite partie !
Leurs doigts s’effleurèrent, un pieux baiser sur le front. La séparation. Anne quitta Jules.
Dans le couloir, la foule était agitée. Louis courait pour voir son parrain. On l’entendait hurler :
— Le premier qui me suit, je l’envoie croupir au cachot ! Je ne veux personne dans cette chambre ! Seul le prêtre peut rester !!!
Le scalpel commença à courir le long de la précédente cicatrice. Un peu de sang gicla. Rien de méchant.
L’obstétricien commençait à voir…
Louis tenait la main de Jules.
C’était le moment. Jules ferma les yeux, heureux d’avoir pu dire adieu à son Roi et SA reine.
Il commença à voir une lumière…
L’enfant fut extrait. Toujours relié à sa mère. On coupa le cordon. Il ouvrit les yeux et vit la lumière.
11 h 55, un premier cri retentit.
11 h 55, un dernier soupir fut poussé.
9 mars 1661 : mort du cardinal Mazarin/début du règne personnel de Louis XIV
9 mars 1982 : naissance de Gédéon
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Le petit Corse était derrière l’autel, avec sa promise. Étrange ce couple qui décide de se mettre derrière l’autel. Mais bon, si tel était leur choix, le prêtre n’avait pas de raison de s’y opposer.
Le grand moment arriva. Le prêtre demanda :
— Voulez-vous prendre Marie Josèphe pour épouse ?
Le petit Corse ne put cacher sa surprise.
— Mais c’est qui, Marie Josèphe ?
La future mariée, cachant son embarras derrière son magnifique sourire édenté, lui rappela qu’il s’agissait d’elle.
— Nappi, c’est moi Joséphine. Rappelez-vous. Vous avez dit vouloir m’appeler Joséphine pour être le premier à m’appeler ainsi. Mais aux yeux du Seigneur, je suis Marie Josèphe.
— Ahhhh mais suis-je bête ! Alors OUI, je le veux.
Le prêtre ne put cacher un léger rictus.
— Par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée. (J’aurais peut-être dû préciser Joséphine pour qu’il comprenne). Mais si vous me permettez ce conseil, placez-vous devant l’autel que tous voient ce beau moment.
Le petit Corse s’emporta :
— Ah non ! Or de question, là je suis à la bonne hauteur…
Baissant les yeux, le prêtre remarqua enfin que Nappi était perché sur un tabouret pour être à la même hauteur que son épouse.
9 mars 1796 : Napoléon Bonaparte épouse Joséphine de Beauharnais