20 juin — Beware of what you wish for, because you just might get it…
Jean-Sylvain Bailly s’avança, seul face à l’assemblée de ses pairs, députés du royaume de France. La salle du Jeu de Paume de Versailles était comble et la tension palpable. Les membres de l’assemblée écoutèrent le début du discours vibrant de patriotisme de Jean-Sylvain Bailly, jusqu’à ce qu’il leur enjoigne « de ne jamais se séparer, et de se rassembler partout où les circonstances l’exigent ».
Il fut pourtant coupé dans son élan par un pet sonore, en provenance des plus hautes fenêtres, proches du plafond de la salle. Tous levèrent la tête, les uns choqués, les autres amusés par l’interruption. Ils se turent aussitôt, le visage figé en un même masque d’horreur : une créature de cauchemar les fixait de ses yeux de braise. Elle avait tout d’une gargouille et lorsqu’elle se laissa tomber de son perchoir, les députés de France ne parvinrent pas à bouger le moindre de leurs muscles : ils étaient statufiés.
La gargouille se mit alors à grossir, devenant peu à peu plus énorme encore qu’un éléphant. À mesure qu’elle touchait le corps des députés, ceux-ci se faisaient absorber par sa masse ventripotente, jusqu’à disparaître complètement.
Quelques instants plus tard, il ne restait plus que la créature, qui dégonfla jusqu’à retrouver sa taille d’origine. Elle se tapota le ventre, émit un rot puissant et rit :
« Ainsi, mes mignons, votre serment sera facile à respecter. Plus jamais vous ne serez séparés, quoi qu’il advienne ! »
20 juin 1789 : serment du Jeu de Paume