«—Amis fantômes, démons et goules, nous faisons face à une crise de foi chez les humains ! Il nous faut un nouveau porte-parole, et je propose que nous unissions nos forces pour habiter et guider un nouveau-né, pour qu’il raconte nos histoires…
—Moi, je suis partant, je veux bien lui donner un œil pour qu’il ait une vision au-delà de son monde.
—C’est très noble de ta part, Shirime, de te séparer de ton œil ! Qui d’autre ?
—Avec la main gauche que je donne, il pourra dessiner merveilleusement, il pourra…
—Non, moi, je veux donner ma main droite qui est une vraie main d’artiste !
—Mettez-vous d’accord sur les mains, et faisons en sorte de travailler en bonne intelligence… Pourquoi ne pas alterner ?
—Alterner, comme… ambidextre ?
—C’est une idée, si vous êtes capable de vous entendre… Sinon il faudra une alternative.
[…]
—Je voudrais participer aussi, mais qu’est-ce-que je n’ai pas grand chose à proposer… Une moustache ?
—Merci pour cette proposition, toutefois je pense que tu devrais la garder, ça va faire fureur en Europe dans peu de temps… Mais, pour remercier du geste, nous pourrons suggérer à notre artiste de te dessiner ! »
8 mars 1922 : naissance du mangaka Shigeru Mizuki (décès 30 novembre 2015). Il perdra son bras gauche —avec lequel il dessinait— lors d’un bombardement en 1942, et réapprendra le maniement du crayon en droitier. Sa plus célèbre série de manga d’horreur racontant l’histoire des Yokai (esprits japonais) dans « Kitaro le repoussant » (ゲゲゲの鬼太郎), il se tournera vers l’histoire dans les années 70 avec son témoignage sur la guerre côté japonais dans « Opération mort » (総員玉砕せよ!) ainsi qu’avec une biographie d’Hitler.