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samedi 21 décembre 2024

Auteur : Romain Jolly

quest.of.nimora@gmail.com'

Romain Jolly touche à tout et aime apprendre. Documentaliste de formation, il s’extasiera devant des données bien indexées, et secouera la tête avec une moue réprobatrice si votre disque dur n’est pas rangé selon une arborescence réfléchie et adaptée à vos usages (!). Il fera la même tête s’il s’avère que vous n’avez pas au moins un livre sur vous, car il aime les livres. Pour le reste, il navigue de fixette en fixette, et cela l’amène à programmer, apprendre le piano, jouer au go... Ses écrits se tournent, par goût et par culture, vers la littérature de l’imaginaire et explorent les différents genres au gré de ses envies.

Articles récents

20 juillet

Adossé à une pierre tombale, fusil sur les genoux, l’homme allume un cigare. Sous un large sombrero, il surveille son comparse occupé à déterrer le cadavre. — Tu vois, Diego, parfois un homme est tellement haï et craint qu’on ne se satisfait plus de le tuer, il faut en plus s’assurer qu’il reste bien mort. — Sérieusement ? C’est pour l’empêcher de ressusciter que vous voulez lui couper la tête ? Le fumeur rit silencieusement, regrettant de n’avoir pas un chat blanc sous la main, et un grand fauteuil pivotant. — Non, moi je fais ça pour le sport. 20 …continue reading

2 juillet

Une chaloupe traîne dans son sillage un radeau surpeuplé. À son bord, un houleux débat prend place : — On dérive à cause du radeau. Il faut couper les amarres ! — Hors de question ! Nos camarades du radeau n’ont pas assez de nourriture, ce serait les condamner à mourir de faim ! — Mais non, regardez-les : ils sont gras ! Ils survivront. Ils perdront sans doute du poids, mais leur chair abondante leur permettra de survivre, c’est évident. Le gras, c’est la vie ! 2 juillet 1816 : naufrage de la frégate “La Méduse”, célèbre notamment pour …continue reading

14 juin

Il laissait derrière lui son appartement vide et silencieux. Une lettre trônait en évidence dans l’entrée : Maman, Papa, Il n’y a pas de place pour moi dans ce monde gris. Je ne peux pas continuer ainsi. Je ne veux plus me cacher, ni me battre pour exister. Je suis ce que je suis ! Si ce monde ne peut pas m’accepter, je dois le quitter. Ne vous inquiétez pas pour moi : je pars pour un monde meilleur, un monde plein de couleurs. Je vous aime. Je vous écrirai dès mon arrivée. Le 14 juin 2004 : le Royaume …continue reading

18 mai

Les deux juges s’asseyent sur l’estrade d’un air important. — On a quoi aujourd’hui ? demande discrètement le premier avant de débuter l’audience. — Des réfugiés de Jaffa. On a voulu les renvoyer chez eux, mais ils arguent que ce serait les renvoyer à la mort, que depuis que la ville a été conquise et rasée en partie ils n’ont plus de chez eux. — Merde, encore. C’est lourd. La défense va nous servir la plaidoirie habituelle : « traumatisme de guerre », blablabla, « notre devoir d’accueillir nos frères exilés », enfin tu vois le tableau. — Ouais, et …continue reading

26 avril

Se tenir debout sur les épaules des géants, et voir plus loin. La femme se dresse fièrement au sommet de la colline, dominant le monde. Elle contemple l’herbe qui ne plie pas sous le vent, les oiseaux grimpés dans les cimes sans feuilles, les trois-yeux qui gambadent en aboyant leur langue étrange, les arbres tordus par le rire soulagé de la terre. Partout, les fleurs retrouvées illuminent la nature, et leurs spores capturent la lumière du soleil en éclats de couleurs autrefois impossibles. Elle respire l’air pur, émue de se tenir sur le dôme historique, au sommet de cette œuvre …continue reading

22 mars

“[…] Et faites réponse, si vous voulez faire la paix en la cité d’Orléans ; si vous ne le faites ainsi, de vos bien grands dommages qu’il vous souvienne sous peu. Écrit ce mardi, semaine sainte.” — Hop, point final ! Jeanne relit sa lettre, satisfaite. Un prêtre qui passait par là, peu occupé, saisit l’occasion de la déranger. — Croyez-vous vraiment, ô pucelle, que vous obtiendrez la paix par cette lettre bien sentie ? — Oui, mon père, si Dieu le veut. — À votre place, je n’en mettrais pas ma main au feu. Ni le reste. 22 mars …continue reading

30 janvier

Dissimulé dans l’ombre du Capitole, Richard s’impatiente. Il guette. Soudain, un mouvement de foule. Richard aperçoit sa cible passer devant lui. Il compte jusqu’à dix puis surgit dans son dos, pistolet à la main. Vise la nuque et presse la détente. Clic. Rien. Pas de coup de feu, pas de sang. Rien. Autour de lui, stupeur. Encore un moment avant qu’ils ne réalisent qu’on essaie de tuer leur Président chéri. Richard dégaine son autre pistolet. Vise la tête qui déjà se tourne vers lui. Presse la détente. Clic. Richard Lawrence baisse les bras, incrédule. — Seriously ? 30 janvier 1835 …continue reading

10 janvier

La nuit tombait tout juste sur le célèbre cimetière parisien lorsque deux silhouettes se mirent en mouvement. — Tu es sûre de toi, chérie ? — Tais-toi et suis-moi ! La femme guida l’homme d’un pas assuré. — Et si on nous surprend ? — Tout le monde le fait, ne sois pas si timoré ! — Mais… — C’est là. Ils se tenaient devant le gisant en bronze dont l’érection faisait tant jaser, entraînant un nombre conséquent de visites intéressées. — Je ne le caresserai pas, c’est hors de question, assena l’homme en se dandinant d’un air gêné. — …continue reading

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