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mardi 03 décembre 2024

Content Tagged "Marie-Anne Cleden"

7 février

— Regarde, on passe aux infos ! — Ces imbéciles ont pris nos empreintes de pied pour celles d’une famille d’hominiens, les nuls ! J’étais sûr que ça marcherait. Quand ils cherchent, ils finissent toujours par trouver un truc pour financer leurs prochaines fouilles inutiles. — Ils disent que la marée a effacé les traces en quelques jours. — Normal, on venait de les faire, elles étaient toutes fraîches. — On va devenir célèbres quand on révèlera le canular ! — Vraiment ? Si tu leur parles de la cape d’invisibilité, ils vont nous traiter de fous et nous interner. …continue reading

11 janvier

Paris, autrefois Ville des Lumières, le redevient à l’occasion d’une marche digne et silencieuse pour défendre la presse. À chacun son lampion, sa bougie, son tube fluorescent à agiter au nez et à la barbe de ceux qui ont attaqué la liberté d’expression en plein cœur, tuant douze personnes dans les locaux de l’irrévérencieux journal Charlie Hebdo quatre jours auparavant. Au crépuscule, moment où les manifestants se séparent, bien décidés à ne pas laisser mourir l’esprit libertaire français, un feu d’artifice salue leur hommage. Les rédactions des dix plus gros quotidiens de la capitale explosent dans un bel ensemble, ouvrant …continue reading

23 novembre

« Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus Christ. Deum meum et Deum mestrum “Votre Dieu sera mon Dieu” Oubli du monde et de tout, hormis Dieu… » D’une main fébrile, Pascal alignait des mots qu’il n’aurait jamais cru écrire, lui le libertin, le beau-parleur, l’indécrottable scientifique. Il livrait son âme à Dieu dans les profondeurs de la nuit, encore terrifié par les événements survenus deux semaines auparavant. Terrifié mais vivant, après une longue inconscience. Du pont de Neuilly, les eaux noires de la Seine avaient englouti ses chevaux, épargnant sa voiture comme par miracle. Abasourdi d’avoir survécu, son …continue reading

6 novembre

— Pourquoi on doit toujours suivre les ordres de Léonard ? Efflam roule une petite peluche entre ses membres antérieurs, jetant un regard en coin à sa mère. Celle-ci a meilleure mine, son teint a varié du blanc à un beau brun durant la nuit. Son régime lui réussit bien. Elle gratte le sol, agacée. — Déjà, c’est sa fête. — Mais c’est ma fête aussi ! proteste Efflam d’une voix plaintive. Et celle de Winoc, et celle de Mélaine, mais personne ne nous écoute jamais. On veut rester, on est bien ici ! — Vous êtes encore des nymphes …continue reading

26 octobre

Cassini observait un astre brillant dans le nouveau télescope de l’Observatoire royal. Il jubilait devant cette découverte réalisée à l’insu de tous, dans la poussière du chantier du bâtiment encore inachevé. Réfléchissant déjà à un nom pour ce satellite de Saturne, il pensait à celui d’un Titan grec, eu égard à la grosse taille de l’objet céleste. Japet, peut-être. L’image scintillante s’effaça furtivement. Un effet du brouillard ? Non, un coup d’œil à une fenêtre lui permit de s’assurer que le temps restait clair. Un voile passa à nouveau devant l’objectif, réduisant la visibilité de l’Espace. La saleté du chantier …continue reading

25 septembre

25 septembre 1609 : Jacqueline Arnaud, toute jeune abbesse du couvent de Port-Royal, donne l’exemple aux religieuses de son établissement en appliquant strictement la clôture monastique et en refusant de recevoir ses parents. C’est la journée du Guichet. — Mère Angélique, mère Angélique ! Toutes les sœurs dans le réfectoire ont entendu le carrosse pénétrer l’enceinte du couvent de Port-Royal. Une des tourières court par-devant l’abbesse, robes retroussées. Jacqueline Arnauld, devenue Mère Angélique depuis ses 18 ans, lève les yeux au ciel. — Nous sommes dans un lieu de culte, sœur Madeleine. Les seuls cris qui doivent monter jusqu’au Ciel …continue reading

6 septembre

Dans l’ombre d’un entrepôt, deux hommes aux vêtements bizarres dont personne ne s’inquiète. Ici, dans le port de Séville, on croise toutes sortes d’individus farfelus, étranges ou suspects. Fébrile, le plus jeune gratte un carnet avec une tige brillante. Approchons-nous pour mieux suivre leur discussion. — Enfin, professeur, regardez par vous-même ! s’exclame le scribe en montrant un point devant eux. En se retournant, on aperçoit une nef qui mouille dans le port, les voiles déchirées, l’équipage en piteux état. Sa coque bien enfoncée dans l’eau, elle est sans doute chargée de marchandises. Bon, il existe spectacle plus consternant de …continue reading

27 août

— Et vous l’avez trouvé là, comme ça, ce matin ? demanda le préfet de police. — Au petit matin, le corps déjà froid, sanglota la baronne de Feuchères. Elle triturait des tiges extraites du bouquet de la table. Contrastant avec le triste tableau des fleurs fanées, une couronne de marguerites trônait sur le secrétaire du mort. — Hum, commenta l’officier mi-sévère, mi-compatissant. Il fit signe à ses hommes de descendre le corps du lustre auquel il était suspendu. Le médecin qui avait constaté la mort de Monseigneur Henri-Joseph de Bourbon-Condé, 74 ans, se pencha sur le cadavre rigide et …continue reading

7 août

À 400 mètres au-dessus du sol, il savourait sa position privilégiée. Un entre-temps au-dessus de celui des hommes qui s’agitaient au pied des deux tours, les sirènes discordantes des voitures de pompiers et de police relayant leurs éclats de voix. Un entre-espace en-dessous de la villégiature des dieux, des étoiles et de l’Univers. Le funambule avait vite parcouru quelques pas sur le fil tendu entre les deux tours jumelles afin que personne ne s’avise de l’attraper par le col. Sa perche oscillait à peine, épousant d’en haut le quadrillage des rues de Manhattan. Cependant, il évitait de trop dévier son …continue reading

12 juillet

— Et un ! Et deux ! Et trois, zé-ro ! brame Aimé en inscrivant son troisième but dans les cages de son adversaire. Ce dernier ramasse la balle du babyfoot, esquisse un geste pour la remettre au centre, mais la garde au creux de la main. Il la lance à la verticale et la rattrape plusieurs fois. — C’est bon, j’abandonne, tu as gagné… Je peux avoir l’équipe de France, maintenant ? — On avait dit qu’on allait jusqu’à 7 points avant de changer de terrain, râle Aimé. — Allez, quoi ! supplie l’autre. C’est toujours toi qui joue …continue reading

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