Nous sommes le 17 juillet 1975, il est 16 heures. Les pilotes Kubasov et Slayton se concentrent sur la délicate manœuvre d’amarrage de leurs navettes respectives. Les modules, avec leurs accroches hermaphrodites — et non pas mâles et femelles comme à l’accoutumée, tout de même ! — se présentent l’un en face de l’autre, se cherchent de la proue, du regard. Kubasov n’est pas rassuré : l’opération est complexe, pour ne pas dire périlleuse. Soudain, alors que tout se passait au mieux, une fausse manœuvre côté Apollo perturbe le ballet nocturne des deux capsules. Le temps semble alors se figer et l’espace environnant se nimbe d’une aura bleutée. Rapidement, tout rentre ensuite dans l’ordre et la procédure reprend son cours, comme s’il ne s’était rien passé. Au sol et dans les navettes, c’est l’euphorie. Mais une fois le calme revenu, Leonov se tourne vers Kubasov.
— Que s’est-il passé ? Il m’a semblé voir quelque chose…
— Moi aussi, camarade Leonov. Mais je pense qu’il serait sage de ne pas en parler… Nous risquerions de finir nos jours dans un asile psychiatrique…
***
Une fois les humains repartis, seules restèrent dans l’espace les présences fantomatiques d’Amalyah et d’Estehan.
— Pourquoi les avoir sauvés ? demanda Estehan, curieux.
— Ils me rappellent ce que nous fûmes. Esprit d’indépendance et créativité. Un mélange de qualités pour le moins intéressant.
— J’aurais dit « explosif », plutôt. J’espère que tu n’auras pas à regretter ton geste.
— J’en suis sûre, répondit Amalyah, avant de disparaître dans le néant.

17 juillet 1975 : Amarrage Apollo-Soyouz