L’automne étant à nos portes, Cupidon connaît, enfin, un peu de répit. L’occasion pour lui de contrôler ses stocks de flèches et autres accessoires puis d’entamer une petite tournée auprès de ses subordonnés. Ce n’est pas qu’il ne souhaite pas s’occuper personnellement de tous les amoureux de l’Univers, mais de nos jours, au rythme où les relations se font et se défont, impossible de suivre la cadence !
Premier arrêt sur Amaria qui frôle l’hyperactivité. En effet, chez ce peuple de marins aventureux, il est d’usage de s’unir à un autre individu aussitôt l’âge légal atteint. Pour quelle raison, me direz-vous ? Très simple ! Avec tous ces marins en déplacement, le gouvernement craint une chute de la natalité et, à terme, une invasion des tribus voisines. Aussi a-t-il décidé de favoriser les voyages en famille en offrant, à tout couple formé, la moitié d’un vaisseau. À chacun selon ses envies et ses moyens ! Certains couples s’unissent pour un tour en barque, préférant rester terre à terre. D’autres qui, bien que misant sur des embarcations plus conséquentes, préfèrent longer le continent, prêts à accoster à tout moment. Et puis, il y a ceux qui osent la grande échappée : celle où l’on accepte de perdre tous ses repères pour, peut-être, y gagner de nouvelles terres. On ne sait pas toujours où ils échouent… Mais on en voit, parfois, qui en reviennent, dépités de leur infortune.
Or, ce jour-ci, Cupidon assista à un départ inédit : deux « Revenus », Ferdinand et Beatriz, se préparaient pour le Grand large ! Ayant surmonté ensemble leurs déceptions, s’estimant riches de leur expérience et de leur nouvel équipage, ils décidèrent de mettre les voiles. Bon vent à eux ! Puissiez-vous être un jour témoin d’une telle envolée ! Ah, quelle émotion… quand la profondeur de l’expérience se reflète dans l’amplitude d’un amour sincère !
Cupidon fut conquis et alloua de nouveaux subordonnés stagiaires à cette planète, espérant que cette union d’un genre nouveau ferait des émules ! L’Amour le grand, le vrai avait encore de beaux jours devant lui !
Quant à Ferdinand et Beatriz, le monde leur appartenait !
20 septembre 1519 : Départ de Ferdinand Magellan vers les Indes