Le printemps 1950 marqua le début de l’adolescence de Jacques, qui se rendit vite compte qu’il n’était pas comme ses camarades. Plus poilu, plus musclé et plus grand, le silence se faisait dans la cour de l’école quand sa voix caverneuse résonnait. Mais pourquoi le contact avec les objets argentés lui brûlait-il les doigts ?
À La pleine lune suivante, sa métamorphose fut complète, et il comprit avec effroi qu’il était de la lignée des loups-garous. Pour contrer cette malédiction, il commença par lire tout ce qui avait été publié sur le sujet, puis se mit en tête de s’immuniser contre l’argent, fatal pour son espèce. Peu à peu, le contact avec le métal le faisait moins souffrir, et il pouvait tenir une médaille pendant quelques minutes. Mais il lui en fallait plus !
Il mit ses capacités physiques exceptionnelles au service de gangs de bandits, et attaqua les banques environnantes. Le partage du butin étonnait toujours ses associés : il laissait le papier-monnaie et se contentait des pièces de 5 francs, qu’il caressait avidement. Il aimait effleurer les sillons et les bosses de la Semeuse argentée du bout des doigts, et sentir sa force décupler.
Bien sûr, parfois, ses instincts primaires le poussaient à dévorer une proie, ici un souteneur, là une tenancière d’hôtel, ailleurs un garde-chasse… Mais il essayait de se focaliser sur l’argent.
Capturé, il était capable de sauter des murs de plus de 4 mètres de haut pour s’évader, et il se plaisait à narguer la police après ses exploits. Il cicatrisait rapidement des coups de feu, et devenait insensible à la douleur. Il ne doutait plus de son invincibilité.
Ce vendredi 2 novembre 1979, il ne remarqua pas le camion bâché devant sa voiture. Lorsque le commando en descendit et le cribla de balles, il n’eut pas le temps d’esquisser un geste. Dans son agonie, le commissaire Broussard se pencha à l’oreille de Jacques et murmura : « Les pièces de 5 francs ne sont plus en argent depuis 1970, tandis que les balles que tu as dans le corps le sont, elles ! »
2 novembre 1979 : Jacques Mesrine, l’ennemi public n°1, est abattu par la police Porte de Clignancourt.