Ce matin-là, lorsque la fée s’éveilla, elle sut que le moment était venu. Elle se para de sa belle robe mordorée et voleta au-dessus des cimes. Puis elle entama sa danse en transe, jouant avec les rayons de soleil, le vent frais de l’été et les orages intenses.
Bientôt, une autre fée vint la rejoindre. Puis une autre. Au contact de leur chorégraphie muette, l’air se rafraîchit, le soleil se fit plus bas à l’horizon, les arbres se mirent à jaunir et les prunes à mûrir. Peu à peu, les physalis se parèrent de leur robe orange vif, les raisins s’apprêtèrent aux vendanges. Les coques de noix durcirent et les feuilles se mirent à tomber.
Dans une dernière ronde, les fées joignirent les mains et entonnèrent une douce mélodie. Le son de la pluie sur les feuilles mortes, du vent dans les arbres. Puis la fée rouvrit les yeux. L’heure était venue, leur œuvre achevée.
L’automne est arrivé.
Florie Vignon
Je serai bientôt à l’automne de ma vie.
Dois-je en ressentir de la tristesse ? Me dépêcher de profiter du peu d’été qu’il me reste avant de subir pour de bon les turbulences de l’automne, puis la bise glaciale de l’hiver à venir ? Ou faudrait-il plutôt que j’essaye de me détendre, de me reposer ?
Je l’ignore et je me sens seul, perdu face à cette impression qu’il n’y a que des mauvais choix à faire.
Il n’existe pas de manuel du bonheur.
Ou alors, je n’ai pas lu les bons ?
***
Ces derniers jours, le vent a fraîchi, je le sens. Mon écorce reste chaude, bien vivante et gorgée du soleil de l’été, mais ça va bientôt changer.
Les jours ont commencé à se raccourcir. Il fait noir plus longtemps.
Mes feuilles jaunissent un peu, aussi. Elles s’assèchent, se craquèlent et finiront par tomber, me laissant plus nu qu’un ver. Une jupe d’or et de brun s’étendra, un temps, autour de mes racines. Je la contemplerai, ravi, comme tous les ans à cette époque. Je ressentirai la même peine que d’habitude lorsque le vent chassera mes feuilles en tous sens, vers le lointain. Très vite, je les perdrai de vue.
Puis viendra l’hiver accompagné de son blanc tapis de neige. Je me recroquevillerai sur moi-même et ferai le dos rond en attendant que passe la mauvaise saison.
Alors, je penserai : « vivement le printemps ! »
Pascal Bléval
— Brouillard ou pluie ?
— J’ai ! « Oh ! l’automne, l’automne a fait mourir l’été. Dans le brouillard s’en vont deux silhouettes grises »(1)
— Feuilles mortes ?, demande la responsable des fées de l’automne.
— J’ai !, répond son assistante. « Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les souvenirs et les regrets aussi »(2)
— Journée froide et plus courte ?
— J’ai ! « Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; adieu, vive clarté de nos étés trop courts »(3)
— Vent frais ?
— J’ai ! « Et je m’en vais au vent mauvais qui m’emporte deça, delà pareil à la feuille morte »(4)
— C’est un peu redondant tout ça, non ?
— Mouais… Mais c’est beau !
— Ce n’est pas faux. Ok, je valide.
— Pfff, marmonne la fée en charge de l’été. Elle est toute pourrie votre saison.
— Toi, tu es juste jalouse parce que c’est notre équipe qui a été promue muse des plus grands poètes, rétorque la responsable des fées de l’automne avec fierté.
1. Guillaume Apollinaire, Automne
2. Jacques Prévert, Les feuilles mortes.
3. Charles Baudelaire, Chant d’automne
4. Paul Verlaine, Chanson d’automne
LaurieE
23 septembre 1999, c’est l’automne sur Terre mais également sur Mars : chute et perte de Mars Climate Orbiter, hiver rude pour la NASA et les missions d’exploration de la planète rouge
Anthony Boulanger
Au Paradise Coffee, l’ambiance était détendue. Quoi de plus normal dans un café où tous les clients étaient de véritables anges… Ce calme fut interrompu par l’arrivé tonitruante de JC.
« Heyyyyy les gars !!! J’ai une grande nouvelle !!!
— Qu’est-ce qui t’arrives encore JC ?
— Winter is comiiiiiing !!!
— On sait bien que t’es le rejeton du Big Boss mais ça serait bien si tu arrêtais de raconter des conneries. C’est l’automne ! Pas l’hiver !
— Ouais, je sais ça. Jsuis pas gâteux. Mais après l’automne, y a quoi ? L’hiver !!! Donc winter is coming !!!
— T’es grave ! Tout ça parce que ton anniv approche…
— Pouah ! Vous ne me comprendrez jamais. Y a que ce bon vieux Ray qui voit de quoi je parle.
— Ah Non JC ! Je ne vois rien. Tu le sais bien.
— Oublie, Ray n’a que Georgia dans la tête…
— Je connais la rengaine. Bon, je reviendrai dans trois mois alors. Aller, jme casse.
— C’est ça ! Fiche le camp et ne reviens plus ! »
23 septembre : début de l’automne
23 septembre 1930 : naissance de Ray Charles
Gédéon