Jeudi soir : les valises sont bouclées. Je me réjouis du week-end qui va arriver !
Vendredi : dernière journée de travail ! La forme, le moral !
Enfin, presque… En l’espace de quelques minutes, nausées, maux de ventre, vertiges s’invitent en moi… Et tout vacille !
Petit microbe de rien du tout a raison de moi.
Direction maison.
Jamais un trajet ne m’a semblé si long, si sinueux… Je découvre et teste tous les bancs qui se trouvent sur mon chemin, quelques poubelles aussi…
Enfin arrivée, rien d’autre à faire que s’affaler et patienter…
D’un seul coup, d’un seul, tout le poids de mes déceptions s’abat sur moi… Je me sens terrassée ! Entre mon médecin qui ne peut me recevoir, les médicaments achetés au tarif plein, mon week-end annulé… Je sens une aigreur monter…Provient-elle de mon estomac ou de la situation dans laquelle je me retrouve coincée ? Pas la force pour statuer… Une chose est sûre : mon microbe va finir par se transformer en une vraie poule aux œufs d’or !
Il me reste une once d’espoir dans cette hécatombe financière : essayer de sauver mes billets et de me les faire rembourser !
Portant à bout de bras mes dernières petites forces, je me traîne dans l’allée, attendant mon tour.
A peine arrivée au guichet, j’assiste à un miracle : mon mur de tristesse s’effondre !
La responsable ? Une petite dame, parmi tant d’autres, assise derrière son bureau, mais le cœur bien en avant. Incroyable comment des heures de déceptions peuvent se volatiser par le seul pouvoir de deux minutes de compassion.
Une larme, puis deux, puis d’autres… roulent, coulent, et disparaissent… caressant, sur leur passage, mes joues… mon cœur. C’est fou comme ces larmes portent en elles tout le plus beau de ce monde ! Tout ce qui fait que c’est si bon d’être un parmi les humains ! Plus forte que le son et que la lumière, rien ne vaut le pouvoir de la compassion !
19 décembre 1952- Un avion français le mur du son.