« Aïe aïe aïe ! Quelles brutes !
Ce serait trop leur demander que de faire un peu attention ?
Attendez juste que je me réincarne et vous verrez !
Comme je suis triste !
Cet appartement d’ordinaire étroit va décidément devenir bien trop vaste pour moi.
Me voici tellement seul sans ma maîtresse !
Comment accepter le manque que tu laisses ici ? Nous qui étions si complices, si complémentaires !
Que va-t-il advenir de moi ?
Moi, qui ne vais plus jamais sentir le doux contact de ta main, ni la saveur douce-amère de tes larmes.
Moi, qui n’entendrai plus jamais le son enchanteur de ton rire.
Ou devrais-je plutôt dire « tes rires » !
Je ne connais plus grande saveur que celle de pouvoir se laisser porter par les variations du rire de ceux qu’on connaît jusqu’au bout de leur voix.
Mais à qui en vouloir ? Je ne sais même pas qui est responsable !
Quel mobile pour une telle atrocité ?
Oh ! J’entends des pas ! Ils me semblent familiers… Un espoir pour moi ?
Une fois de plus, il faudra se contenter d’apprécier le sauveur à défaut de pouvoir confronter le responsable. »
La porte s’ouvrit. Une nouvelle fois. La dernière.
4 août 1944 : arrestation d’Anne Frank par la Gestapo à Amsterdam.