Les quatre chapelains
Le 3 février 1943, une torpille du sous-marin allemand U223 éventra la coque du Dorchester. Quatre chapelains américains, de confessions différentes, se réunirent.
— Nous allons couler, dit Clark Poling.
— Que pouvons-nous y faire ? ajouta Alexander Good.
— Nous pouvons sauver des vies, répondit George Fox.
Ils passèrent à l’action. Après avoir aidé leurs frères d’armes à regagner leur calme, ils distribuèrent les gilets de sauvetage, puis donnèrent les leurs et remontèrent sur le pont pour organiser l’évacuation.
— Nous aurons bientôt sombré, c’était écrit, se résigna John Washington.
— Dieu nous a laissés libres de décider de notre avenir, le contredit George Fox.
Autour d’eux, les soldats se hâtaient en direction des canots de sauvetage. Une dizaine de ces derniers restaient sur le pont et ne seraient pas mis à la mer, à moins d’un miracle.
— Approchez.
Tous se tournèrent vers George, qui leur tendit les bras. Sans s’être concertés, ils formèrent un cercle et prièrent d’une même voix. Le Dorchester eut un soubresaut et se souleva, porté par la foi des quatre hommes. Pendant de longues minutes, ils retardèrent l’inéluctable par la force de leur volonté, permettant ainsi aux derniers canots de prendre la mer.
***
Jack Hugh se retourna. Vingt-sept minutes après avoir été torpillé, le Dorchester s’enfonçait sous les flots. Les quatre chapelains, debout sur le pont, se tenaient toujours par les bras. Autour d’eux, les 670 soldats demeurés à bord priaient avec ferveur…