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vendredi 29 mars 2024

2 février – jour de la tempête (République Tchèque)

Pascal se frotta les yeux et bailla à s’en décrocher la mâchoire. Il se leva, gratta d’une main distraite sa barbe naissante et se pencha sur sa femme pour l’embrasser. Elle dormait encore et ses longs cheveux bruns faisaient comme un écrin à son visage d’ange.
Ce n’est que lorsqu’il se leva qu’elle se réveilla. Elle le regarda s’approcher de la fenêtre, jeter un bref coup d’œil dehors, faire la grimace et se recoucher.
— Il fait si moche que ça ?
— Au contraire. Il fait trop beau. J’en ai eu mal aux yeux, tellement il y a de soleil.
— Pourquoi tu te recouches, alors ?
— Aujourd’hui, c’est le jour de la marmotte. S’il fait beau ce jour là, au sortir de son hibernation, la marmotte se recouche et reste dans son trou six semaines de plus.
— Tu veux dire que s’il avait fait moche, tu serais resté debout ?
— Ouais.
— C’est con.
— Je m’en fiche. Ferme bien la porte en partant travailler, mon cœur.
Jacqueline resta un moment à fixer son compagnon. Puis, elle se tourna vers la fenêtre. Pascal avait mal refermé les rideaux et un mince rayon de soleil vint frapper les prunelles de Jacqueline. Aussitôt, un message d’ordre quasi divin fit son chemin jusqu’au plus profond du cortex de la jeune femme. Là, croyant sans doute avoir affaire à une marmotte, il activa sa commande du sommeil.
Quelques instants plus tard, les murs de l’appartement tremblaient presque sous l’effet combiné des ronflements des deux humains.
2 février – jour de la marmotte.

Pascal Bléval


Aujourd’hui était le Jour de la Tempête. Conformément à la tradition qui se perpétuait depuis des millénaires, il sortit de son refuge et regarda le ciel pour y déceler la continuité ou non de l’hiver. Les vents étaient forts, les nuages de cendres épais et une lueur sourdait, verdâtre, malsaine, par endroits.
— Mauvais présage, dit-il à ses concitoyens en retirant sa combinaison. Il y en a encore au moins pour six cents ans d’hiver nucléaire.

Anthony Boulanger


« Rita, tu n’es pas obligée de me croire, mais voilà : je me réveille chaque matin ici, à Punxsutawney et nous sommes toujours le 2 février et je ne peux rien y faire. Je vis la même journée encore et encore et encore, à assister au lever d’un gros rongeur léthargique et sans aucun moyen de m’évader, sans autre solution que de m’ennuyer à mourir.
— Tu sais, en Europe, le 2 février correspond aussi au jour des crêpes. Tu peux demander des pancakes chaque matin, ce n’est pas si mal…
— Nooon, au bout de la 32e chandeleur, je ne peux plus voir de crêpe sans avoir la nausée… »
2 février, le jour le plus interminable du calendrier.

Nelly Chadour


« Je veux des crêpes !
— Ce n’est pas toi qui commandes, ici. Et aujourd’hui, nous devons aller au Temple.
— Mais maman, je veux pas aller au Temple, je veux des crêpes !
— Si tu es sage avec les marchands, nous en mangerons au retour. »
2 février : jour des crêpes aussi à Rome (pour symboliser le retour du soleil), et jour de la présentation de Jésus au Temple

Sandrine Scardigli


— Quelle tempête ! C’est un temps à ne pas mettre le nez dehors.
— Entièrement d’accord, chérie. On va rester au lit. Après tout, c’est aussi la journée de la marmotte.
— Minute papillon ! Si l’on reste au lit, ce n’est pas pour dormir, mais pour célébrer comme il faut la journée mondiale des zones humides.

Père Désœuvré

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