— Je veux qu’il meure ! répéta la femme, ivre de vengeance.
En plus de deux cents ans de carrière, le Sorcier n’avait jamais senti une telle détermination. Un froid poisseux colla sa chemise à son dos et il frissonna malgré lui. Quelque chose d’horrible, de monstrueux se préparait, sentit-il confusément, et il en serait l’artisan.
— Vous êtes bien sûre ? demanda une dernière fois Adabott Redd, tout en sachant que la furie ne reviendrait pas sur sa sentence.
— Si je vous le dis, s’écria-t-elle. Il m’a traité de catin, de traînée, d’infidèle sans prendre la peine d’entendre ce que j’avais à dire pour ma défense, puis il est parti avec les enfants. Je sais qu’il ne me les rendra jamais. Qu’il crève, qu’il crève !
Abadott eut un haussement d’épaules. Il s’en lavait les mains. Ce n’était pas sa propre âme qu’il marchandait pour tuer quelqu’un d’autre, après tout. Techniquement, il n’avait pas idée d’où se terrait le mari fuyard, mais, avec le maléfice qu’il avait préparé, la mort le trouverait et le frapperait, n’importe où sur la Terre.
Le Sorcier hocha la tête et, après avoir adressé une prière aux démons Alrinach, Bechard et Attuku, fit appel aux feux de l’Enfer pour carboniser la petite effigie de Michel Navratil.
À son grand étonnement, la représentation de la victime mit un peu de temps à s’embraser.
15 avril 1912 : Michel Navratil, et environ mille cinq cent autres personnes, meurt noyé dans le naufrage du Titanic
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Le 15 avril, l’auteur devant rendre copie à la Microphéméride sèche sur le Titanic. Le gigantesque paquebot ne prend donc pas l’eau. Il se contente de s’échouer au fond de l’océan. Les passagers et l’équipage en sont quittes pour finir le voyage à pied.
15 avril : Panne sèche d’inspiration. Le micronouvelliste et le Titanic calent.