Une micro nouvelle par jour pendant un an.

mardi 19 mars 2024

Auteur : Jacques Fuentealba

Jacques Fuentealba est un frappadingue de la micronouvelle qui aime en lire, en écrire et en traduire à tire-larigot. On peut le lire sur la Fabrique de Littérature Microscopique, qu'il anime avec ses comparses co-directeurs Benoît Giuseppin et Karim Berrouka. Et en recueil, notamment chez Outworld/Kymera (Tout feu tout flamme), chez La clef d'Argent avec Scribuscules ou, en ligne, aux éditions Efímeras ou Nanoediciones. Il pratique aussi des formats plus longs, nouvelles à gauche et à droite, en anthologies et revues et a publié coup sur coup trois romans fin 2011 et début 2012 : Émile Delcroix et l'ombre sur Paris (éditions Walrus), Le cortège des fous (éditions Malpertuis) et Retour à Salem (chez Asgard).

Articles récents

14 décembre

— Bon, moi je lui donne un sens de l’honneur poussé, déclara Arsile au-dessus du berceau à jouer du petit Albert. — OK. Moi je lui confère la mythomanie, dit Maglore. — Beuh, ce n’est pas dans la liste des dons, ça, râla Arsile. C’est quoi encore ces conneries ? — Bah, sa tête ne me revient pas et en plus, j’ai pas encore petit déjeuner, j’ai la dalle. — Nan mais je vois pas le rapport… Mythomanie, n’importe quoi. Maglore et Arsile ne prêtaient plus du tout attention au bambin et se faisaient face, presque nez à nez. Au …continue reading

28 novembre

Arsile se dressa devant l’entrée du Rotunda Hospital, bras croisés sur la poitrine, un air de défi sur ses traits. — Je sens le coup fourré, Maglore… Qu’est-ce que tu viens fiche ici ? demanda-t-elle à sa collègue fée marraine. — Eh bien, s’écria l’interpellée, un rictus vicieux déformant ses lèvres, en avançant vers elle. Comme si nous n’avions pas l’habitude de venir ici pour couvrir les bambins de nos attentions… — Je sais très bien pourquoi tu ramènes ta fraise ici aujourd’hui, s’agaça Arsile. Mais nous n’intervenons pas dans la destinée des nations, nous ne faisons pas de politique …continue reading

27 septembre

— Tu fais quoi là ? demanda Maglore à sa consœur. Arsile releva le menton, détachant à regret ses yeux de la petite crevette bleue comme Krishna qui s’agitait mollement dans ses langes. — Bah tu le vois. Je me penche sur le berceau de cette enfant… C’est bien ce que nous faisons, nous les fées marraines, non ? — Excuse-moi, je deviens parano, un moment j’ai cru que tu allais la prendre dans tes… Arsile se redressa avec la minuscule crevette toute bleue dans les bras. — Mais merde, bordel, tu fous quoi, là, Arsile ? hurla Maglore, sans …continue reading

1er septembre

— J’aime bien le 1er septembre, moi, s’exclama Arsile, en regardant les jumeaux nés quelques heures plus tôt, et qui roupillaient entre les bras de leur maman, également endormie. — Oui, moi aussi, reconnut Maglore, sa consœur fée marraine. On en a eu des beaux, des 1er septembre. — On en a eu des biens. — De chouettes musiciens… — Johann Pachelbel, en 1635. — Et Engelbert Humperdinck, le compositeur. — Oui, en 1854, je m’en souviens très bien ! Et Seiji Osawa, en 1935. — Barry Gibb, des Bee Gees. — 1945. Oui. Si tu veux. — Greg Errico. …continue reading

7 août

— Bon, dit Maglore à sa consœur Arsile qui faisait gouzi-gouzi au nouveau-né dans son berceau. Le Conseil des Fées nous a donné pour ordre de moderniser un peu l’industrie textile… — Ah ? — Oui, ne me demande pas les raisons derrière cette lubie, je n’en sais fichtrement rien. — Hum, OK. — Et donc, poursuivit Maglore, je propose de conférer à ce charmant bambin une ténacité hors-norme et de grandes capacités d’adaptation face aux aléas de la vie, un très bon sens des affaires, une sacrée aptitude aux sciences et techniques, ainsi qu’une bonne dose de chance… — …continue reading

17 juin

— Alors ça y est, c’est fini ? demanda Rodney, en frissonnant. Arsile lui lança une épaisse serviette, le mort s’essuya en regardant son propre cadavre au fond de la piscine. Et continua à frissonner. Il fixa la surface de l’eau où défilaient des images de sa vie. Une voix du passé, sa propre voix, s’éleva en un bouillonnement de bulles : « Est-ce qu’on ne peut pas tous s’entendre ? Est-ce que … est-ce que … est-ce qu’on ne peut pas s’entendre ? » — Disons qu’il y a des gars qui vont débarquer bientôt et essayer de vous …continue reading

23 mai

Entre Arsile et Maglore, les deux fées marraines, c’était la guerre froide. Depuis des semaines, elles avaient enchaîné des tournées de visites à un rythme épuisant et la qualité de leur relation, déjà compliquée en temps normal, s’en était ressentie. — Bon, dit Arsile. C’est à toi de jouer. Il ne restait plus que quelques pièces noires et blanches dans un coin de l’échiquier posé sur la petite table de cuisine. Dans la chambre attenante, le petit Anatoli dormait à poings fermés. Maglore s’agita sur son inconfortable chaise haute et poussa sa tour. — Échec, dit-elle, les sourcils froncés. — …continue reading

26 avril

— C’est de la folie, ce que tu fais, Ramirez ! L’agent de la Patrouille des Couacs Temporels se retourna et, à travers un épais écran de fumée, distingua vaguement une forme humanoïde. Mais Augustin Tulé, son supérieur hiérarchique, lui avait suffisamment crié dessus tout au long de sa carrière, pour qu’il le reconnaisse rien qu’à la voix. Il n’avait pas encore reçu d’ordre direct. Il pianota à toute vitesse sur son chronoglisseur, avant que cela arrive. La bombe qui menaçait de tomber sur la maison de ses arrière-grands-parents disparut dans l’instant. — Arrête tout de suite, rugit Tulé en …continue reading

31 mars

— C’est indigeste, grimace la reine. — Nous auriez-vous pris pour des ruminants, s’écrie le roi. 31 mars 1745 : Première : Platée de Rameau à la Grande Écurie de Versailles — Maglore, tu peux arrêter cinq minutes de siffloter ce morceau, là ? Tu m’insupportes ! — Tu préfères sans doute que je le chante à tue-tête ? Ma petite Arsile, on est en mode furtif, là. Si je me lâche vraiment, on va réveiller toute la maternité. C’est ça que tu veux ? — Ah mais ! s’emporta Arsile, tout en essayant – difficile gageure ! – de …continue reading

5 mars

— Cadillac, susurre Maglore à l’oreille du nouveau-né. Cadillac… — Tu crois vraiment que ça sert à quelque chose ? s’insurge sa collègue fée marraine. — Mais bien sûr, Arsile… Cadillac, Cadillac… — Peuh. Même en y mettant une grosse louche de magie féérique, ça ne rime à rien ton affaire ! — Et moi, je te dis que ce môme a un grand destin. Cadillac. Tellement grand qu’il est finalement plus grand que lui, quoi ! Cadillac. Je glisse dans son esgourde un nom prophétique, à la saveur sucrée et subtile… Cad… — N’importe quoi, râle encore Arsile. — …continue reading

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