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samedi 23 novembre 2024

24 février

La PCT (Patrouille des Couacs Temporels) eut recours au protocole classique d’interrogatoire : un coup de lessiveuse synaptique pour extraire les souvenirs, une copie de sa mémoire sur un cristal mou – plus malléable, à l’heure d’en tirer la substantifique moelle –, une série d’électrochocs, histoire de remettre les idées en place… mais rien n’y fit, le mystérieux perturbateur ne révéla rien de ses motivations. Ce jeune têtu, tout juste un ado, semblait au fait de tous les techniques, même les plus secrètes, celles que l’on n’apprenait qu’aux chronarques du premier cercle, pour que l’esprit ne cède pas à ces techniques de torture mentale.
Pourquoi, mais pourquoi donc (et accessoirement comment), cet iconoclaste, cette graine d’anarchiste, ce, ce… les mots n’étaient pas assez forts, ce sale garnement avait-il distordu la réalité en faisant retaper le deuxième 24 février de cette semaine sous le règne de Alphonse X le Sage et s’apprêtait-il à remettre le couvert ?
L’interrogatoire qui ne menait nulle part dut s’interrompre assez rapidement. Au mépris de tous les dispositifs de sécurité ultrasophistiqués, une porte spatio-temporelle déchira l’air devant le fauteuil où le jeune homme était attaché.
Moment de flottement et d’embarras.
Karl Strombosi Ierevan, le chef suprême de la PCT, toutes époques confondues, franchit le seuil du portail, passablement ennuyé.

— Allez, libérez-le, c’est bon. Je dois avoir une petite discussion avec lui…

— Vous le connaissez ? demanda Humaba, Questeur en chef, sourcils froncés.

— Bien sûr qu’il me connaît ! C’est juste que, comme ma mère est l’une de ses secrétaires et non sa femme, tout le monde n’est pas au courant de mon existence, hein. Vous imaginez bien, ça ferait désordre ! renifla l’ado, l’air crâne.

— Voilà, voilà…, commenta Strombosi Ierevan.

— T’aurais dû me laisser faire, papa. J’y étais presque. Je m’étais dit qu’en prenant une semaine qui avait déjà deux jeudis, tes larbins auraient moins de risques de remarquer mon entourloupe. Un 24 février dupliqué de plus, et je l’avais ma semaine de quatre jeudis… Et tout ce que tu m’avais promis pour cette occasion !

— Toi, tu prends les choses trop littéralement, soupira le chronarque ultime, en se passant la main sur le visage.

— Et toi, t’es qu’un sale menteur !

24 février : Le calendrier julien faisait répéter le 23 ou le 24 février lors des années bissextiles

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