En ce jour étrange, même si des tensions demeurent et même si l’on recense toujours quelques incidents isolés, il est vraiment agréable et surprenant de voir que nous tous pouvons arriver à mettre nos querelles et nos instincts de côté l’espace d’un cycle circadien. L’on peut ainsi entendre les tavernes résonner des chants aux harmoniques impressionnantes faites des voix mêlées des elfes et des nains. Dans leurs caves profondes ou leurs tours immenses, mages et nécromants échangent cordialement quelques secrets de leurs arts. Dans les cités, orques et Dunedains font commerces d’armes et de savoir-faire en toute tranquillité. Ah, en ce jour de Tolkien, également connu sous l’appellation du « Jour de la Terre du Milieu », nous autres Hobbits avons la curieuse impression que le monde entier ressemble à notre chère Comté.
Vincent Corlaix
« Terre !
— Ça ne pouvait pas mieux tomber ! »
Le 22 avril 1500 Pedro Alvares Cabral découvre le Brésil
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« Mais quand vont-ils se rendre compte que je ne suis pas mort ? »
Depuis sa mort, Lénine se pose cette question chaque année lorsque la foule lui rend visite à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance le 22 avril 1870. On ignore tout du produit qui fut utilisé pour conserver.
Père Désœuvré
— J’ai faim ! gronda l’ogre. Amenez-moi ce crétin aux doigts de plomb qui n’est pas foutu d’aligner deux notes correctes sur ce foutu piano !
— Mais Charlie, gémirent les autres musiciens, c’est ton accompagnateur pour le prochain concert à New Yo…
— M’en fous ! Vous me trouverez un autre putain de pianiste ! Et puis je fais ce que je veux aujourd’hui car c’est mon putain d’anniversaire !
Que répondre à ce monstre de virtuosité ? On arrosa le pauvre pianiste tout tremblant avec de l’huile de sésame et des amandes pilées et on l’amena à Charlie qui trônait au milieu de la pièce, sa contrebasse posée sur une cuisse tellement éléphantesque qu’elle paraissait à peine plus grosse qu’une guitare. Fallait pas le contrarier, Charlie.
Anniversaire de Charlie Mingus.
Nelly Chadour
— Un hologramme ?
— Oui, un hologramme !
Il fallut dix mille ans à l’Homme et le sacrifice personnel de centaines de savants considérés, depuis la Renaissance, comme hérétiques, pour enfin reconnaître que la Terre est plate.
Vincent Bastin
Comme chaque 22 avril, calendrier de référence, des milliers de vaisseaux affluent de toutes les colonies humaines et se positionnent entre Sol-II, Vénus, et Sol-IV, Mars. Pendant vingt-quatre heures, seront projetées les images tridi d’une planète bleue, panachée de blanc par les nuages, piquetée de vert par les forêts. La fausse planète tournera autour d’elle-même l’espace d’une journée fantomatique, exposant les beautés qui l’ont autrefois habitée. C’est le jour du souvenir, le jour de la Terre, de la commémoration de sa destruction par les fanatiques religieux de la Lune, prônant une vie artificielle totale et unique. Le satellite, quant à lui, n’est jamais ravivé par les cérémonies. Ses débris continuent de flotter vers le Soleil.
Anthony Boulanger
« Terre ! Terre ! » s’écria le copilote.
Le commandant se réveilla en sursaut dans le poste de pilotage : enfin !
Cela faisait une éternité qu’ils s’étaient perdus dans l’immensité de l’espace.
Sandrine Scardigli
Une fois par an, Gaïa revêt ses plus beaux atours. Elle maquille la crête des vagues d’une écume immaculée, elle rehausse les couleurs des papillons et des fleurs, le vert de ses forêts et le bleu de son ciel deviennent plus profonds. Les cris de la faune tout entière gagnent une insolite harmonie, imprégnant l’atmosphère d’une poignante mélodie. Insensibles comme à l’accoutumée, les humains ne remarquent rien. Mais cette opération séduction ne les vise pas, de toute façon. En cette journée portes ouvertes, Gaïa espère, cette année encore, plaire aux représentants des nombreuses – et discrètes – races extraterrestres venues la visiter et pouvoir enfin changer de locataires.
Jacques Fuentealba