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jeudi 28 mars 2024

20 juin – Ice Cream Soda Day (USA)

— A-ha ! s’écria le chercheur en s’essuyant le front tant l’air régnant dans la cabane de bambou était étouffant. Une forme de vie intelligente. J’aurais dû m’en douter quand on voit l’efficacité des épidémies.
Le chercheur posa le micro miniature juste à côté de la lamelle du microscope où les créatures, prélevées sur le cadavre d’un soldat anglais, s’agitaient et montraient leurs poings ridicules et leurs dents aiguisées mais inutiles.

— Créatures, je vous demande une nouvelle fois : êtes-vous de ce monde ? Que nous voulez-vous ?

Le chercheur poussa le son au maximum et tendit l’oreille pour entendre la réponse vociférée dans le pavillon du phonographe :

— Stupide humain grossier. Nous, soldats de la planète Pestis sommes sur Terre pour exterminer votre espèce balourde. Nous vous tuerons tous, rien ne nous arrêtera !

— Laides et hargneuses… Je n’aurai donc aucun remords pour créer un vaccin contre ces êtres.

1894, Alexandre Yersin découvre les bacilles de la planète Pestis.

Nelly Chadour


— Attila, nous avons trouvé un espion !

— Mais puisque je vous dis que je ne suis pas un espion.

— Silence, misérable ! Qui t’envoie ? Avitus ?

— Seigneur, je crois qu’il dit la vérité. Regardez son accoutrement, ces couleurs criardes. Ces braies courtes. Un espion se serait habillé plus discrètement. Et regardez ce casque étrange.

— Hé ! Rendez-moi ma casquette !

— Touchez ! Son casque est fait d’étoffe. Ce n’est assurément pas un guerrier.

— Quel est ton nom ?

— Harry, le roi de l’Ice Cream Soda ! Ben, je passais derrière mon camion et je me suis retrouvé derrière une de vos tentes.

— Ton langage est bien étrange. Et quel est ce breuvage que tu transportes ? Quelle étrange couleur. Serais-tu druide ou sorcier, par hasard ?

— Maintenant que vous le dites, je me demande si j’ai pas fait des mélanges bizarres. Enfin, si vous voulez y goûter.

— Ce breuvage est divin !

— M’sieur Attila, si je peux me permettre, vous ne devriez pas boire si vite, sinon vous risquez d’avoir une chiasse carabinée demain.

Le 20 juin 451, Attila se prend une dégelée aux Champs Catalauniques.

Père Désœuvré


Le 20 juin 2015 fut déclaré jour de deuil national aux États-Unis. Les Ice Cream Soda fondaient avant d’être servis. La boisson était en voie de disparition, ne survivant plus que dans des photos, des films d’époque, des livres de recettes. Les USA venaient de découvrir le réchauffement climatique.

Anthony Boulanger


Le 20 juin restera dans les livres d’histoire comme une date importante pour la science, saluant la faculté de l’homme à aller explorer toujours plus loin, toujours plus haut, faisant pour cela appel à toutes les ressources de son génie. Et quelle autre nation que notre beau pays, patrie de la boisson gazeuse et sucrée, pour mener cette quête à bien ?
C’est grâce à l’incroyable savoir-faire de la NFDASA (National Food & Drug And Space Agency) que le défi fut relevé ce 20 juin 1969, lorsque, propulsés par leur fusée alimentée en soda et bonbons sucrés, Neil Armstrong, Michael Collins et Edwin Aldrin s’envolèrent pour se poser pour la première fois de l’histoire de l’humanité sur la Lune.

Bien entendu, nous n’oublierons pas le sacrifice des peux pilotes du LEM, Armstrong et Aldrin. Nul n’avait pu prévoir alors que les jets bouillants de soda effervescent feraient fondre la croûte de crème glacée qui compose la surface de l’astre lunaire, et que l’alunisseur s’enfoncerait irrémédiablement dans la crème devenue liquide.
C’est donc pour honorer la mémoire de ces glorieux et courageux pionniers que nous célébrons désormais ce jour notre cher Ice Cream & Soda day.

Vincent Corlaix


« Enfin, ma reine, vous allez être en retard ! Il vous faut partir maintenant !

— Oh, mon cher, il fait tellement chaud, vous ne pouvez refuser ce dernier plaisir à votre reine… »

En cette soirée étouffante du 20 juin 1791, la reine Marie-Antoinette dégusta une boule de glace dans de l’eau pétillante afin de se rafraîchir et de profiter d’une dernière douceur avant son exil. Pourquoi son amant la chassait-elle ainsi cruellement ? Elle avait largement le temps !
C’était sans compter la malice de ces Jacobins de gnomes qui grouillaient autour du Louvre et prirent un malin plaisir à la faire se perdre jusqu’au carrosse qui partait pour Varenne. Nous étions déjà le 21 juin lorsqu’elle rejoignit le roi, le Dauphin et les autres passagers : c’est ainsi que l’Histoire nous montre combien la gourmandise d’un instant peut provoquer une révolution…
Nuit du 20 au 21 juin 1791 : fuite de la famille royale qui tente de quitter le royaume en passant par Varenne, avec un départ très en retard de Paris…

Sandrine Scardigili


Jérôme balança une dernière palette de canettes de soda dans la fosse profonde creusée à même le sol du bois de Saint-Cucufa. Il était vingt heures. Jérôme et Richard faisaient des allers-retour depuis cinq heures du matin à bord du fourgon d’occasion fourni par la police municipale.
Debout près de la fosse, Richard frotta son briquet sur la manche de sa veste en jean pour s’allumer une cigarette. Il en tira une bouffée avec un plaisir évident avant de prendre la parole.

— Il paraît que les Russes ont eu le même problème au début du vingtième siècle, expliqua-t-il à Jérôme. Certains E.T. avaient tenté d’envahir leur pays en se servant de bouteilles de vodka comme cachette.

— Tu y crois, toi ?

— Je crois ce que je vois. Ces saloperies ont contaminé les sodas du monde entier. On en a carrément repéré dans du coca, aux États-Unis. Tu imagines ? Aucun respect.

Jérôme hocha la tête, incrédule. Il déroula la lampe à incendie qu’ils avaient empruntée aux pompiers de Rueil-Malmaison et en laissa retomber l’un des deux bouts au-dessus de la fosse. Il brancha l’autre à un réservoir de fuel et ouvrit les vannes au maximum. Un épais liquide se répandit dans la fosse, noyant les canettes en quelques instants.

— Ta clope, suggéra Jérôme en adressant un signe de menton en direction de Richard.

Celui-ci soupira, tira une ultime bouffée et envoya sa cigarette dans la fosse. Le fuel s’embrassa et les deux hommes reculèrent précipitamment. Des cris s’élevèrent aussitôt parmi les E.T. prisonniers des flammes. Endormis trois semaines de séjour dans des chambres froides à -90 °C, ils passèrent de vie à trépas en quelques secondes.

Le silence retomba.

Une tentative d’invasion supplémentaire venait d’être stoppée avec succès par les MIB français.

Pascal Bléval

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