Fin juillet 1666
Christopher Wren fut invité par Sir Thomas Bloodworth — Lord-Maire de Londres — à s’asseoir. Le jeune, mais déjà influent architecte s’installa et attendit que son hôte s’exprime.
— Vous êtes l’architecte désigné pour la reconstruction de la cathédrale Saint-Paul, déclara Bloodworth. Est-ce à ce propos que vous souhaitiez me voir ?
— La cathédrale est dans un triste état. Londres, de son côté, est en proie à une coupable anarchie architecturale. Les encorbellements se multiplient, et, dans les ruelles les plus étroites, les toits des maisons se touchent à leur dernier étage ; le pont de Londres est couvert de maisons. Ce sont des facteurs de propagation des maladies, comme l’épidémie de peste de l’an passé l’a démontré.
Sir Bloodworth tendit un cigare à Christopher, qui l’accepta.
— Il est délicat de faire évoluer certaines mentalités, dit le Lord-Maire. Que suggérez-vous ?
— Imitons Néron. Brûlons tout.
Il y eut un silence. Le Lord-Maire songea aux conséquences potentielles d’un tel acte.
— Tout devrait être prêt pour le 1er ou 2 septembre prochain. L’accord du roi concernant l’utilisation des crochets anti-feu vous parviendra trop tard pour que vous puissiez prendre les mesures appropriées. Vous ne serez pas menacé, insista Christopher.
Cet argument emporta l’adhésion du Lord-Maire.
— Fort bien : vous avez carte blanche, jeune homme.
Bloodworth songea que la purification des taudis londoniens par le feu aurait ses avantages, ne serait-ce qu’en terme d’hygiène. Quant aux regrettables, mais inévitables morts occasionnées par l’incendie, elles le seraient pour le plus grand bien commun…
En moins de 3 jours, du 2 au 5 septembre 1666, l’incendie ravagea les trois quarts de la cité londonienne…