Père Désœuvré (via le Hangout de Google) : Sinon on refile la patate à quelqu’un d’autre.
Le Père me rappelle que le 2 octobre, je suis censé publier une micronouvelle à la Microphéméride.
Une recherche sur Wikipédia m’indique qu’il s’agit du jour de la pomme de terre.
Je relève la synchronicité. Mes capacités extrasensorielles me permettent de voir là une volonté malveillante derrière la remarque du Père. Il n’a pas utilisé le terme « patate » de façon anodine. Le mot presque argotique de dénigre mon travail de microauteur et par là même, celui de tous les participants à la Microphéméride depuis 3 ans.
Je reste un long moment devant la page blanche de mon Open Office, à me demander comment régler ce problème.
Le ver était dans le fruit depuis tout ce temps-là. Le Père n’a pas passé les rigoureux tests d’entrée à notre prestigieuse institution consacrée aux short short stories éphéméridiennes. Je n’aurais jamais dû inviter ce blogueur à rejoindre la Microphéméride puis, un an et demi plus tard, à en prendre le contrôle avec Anthony Boulanger et Sandrine Scardigli. Sont-ils au courant du danger que représente cet électron libre pour la micronouvelle, la littérature et les arts en général ? Sont-ils complices ? Je dois l’arrêter. Ce n’est pas seulement le dénigrement de notre cause qui pose problème, pressens-je.
Il m’a lancé le terme « patate », mais en même temps, sur le tchat de Facebook, il m’a bien parlé de « pommes de terre », et sur Line de « tubercule », et sur WhatsApp de « féculent ». Sans mes pouvoirs, j’aurais été dans l’incapacité de comprendre que ces multiples références constituent le début d’une fragmentation de la réalité en plusieurs dimensions parallèles. J’envoie une sonde mentale tuer le dangereux traître dans sa tanière bruxelloise, en espérant endiguer ainsi le morcellement.
L’image de sa tête écrasée sur son clavier et des éclats de cerveau répandu en giclées sur son écran me remplit de satisfaction, mais un doute m’étreint. Il ne s’agit peut-être que d’un Père Désœuvré dans une version donnée de la Terre. Ils sont des milliers, des millions, qui sait ? à manœuvrer dans l’ombre sous couvert de désœuvrement.
2 octobre : Jour de la pomme de terre (et de plein d’autres choses, sans doute)
Et moi je suis bien dans la purée maintenant tiens…