Une micro nouvelle par jour pendant un an.

jeudi 18 avril 2024

20 octobre

Statistiquement parlant, il y avait une chance sur 8 milliards d’individus pour que ce soit moi qui me retrouve coincé dans cet ascenseur (et une chance sur 300 pour que ce soit justement celui-ci qui tombe en panne). Sans compter qu’il n’y avait que 20 % de chance pour que j’ai justement un rendez-vous ce soir. 50 % pour que je sois à moitié à la bourre… Maintenant, je sais que j’ai 1 chance sur 2 de ne pas avoir de réseau pour la prévenir. En espérant que ça finisse bien. J’ai lu que sur les 2000 accidents d’ascenseur, 10 % se finissent en catastrophe. En moyenne, je devrais rester bloqué entre 20 minutes et 4 heures.
Mais la grande question n’est pas de savoir à quel moment je vais m’en sortir, ni même si je vais pouvoir arriver à mon rendez-vous. Non, la grande question, c’est : quelle est la probabilité qu’elle me croie avec une excuse pareille ?

20 octobre, journée des statistiques malchanceuses

Bénedicte Coudière


La vie à la rédaction de la Microphéméride.

Jacques, penché sur un papier, finit de lire les fines lignes manuscrites sous le regard attentif de Vincent. Il finit par relever la tète et dit :
— Il y a une chance sur deux que ça passe, ton truc.
Déçu, Vincent ramasse sa brève et la scrute comme si une révélation mystique y était cachée.
— T’es sûr ?
— À 47% à peu près. Disons que c’est indigeste, tous ces chiffres.
— Pourtant, je pensais que ça serait amusant, non ?
— Beeen…Y’avait une chance sur un million…
— Hmm… Ce qui fait que selon la règle de trois pratchettiennne, une chance sur un million arrive neuf fois sur dix donc… Fonce, ta micro sera acceptée.

Vincent Corlaix


Elle excellait en statistiques : collecter les données, facile, elle avait mis Facebook au point, puis Twitter dans la foulée. On l’abreuvait littéralement d’informations. Traiter les données, aucun souci, elle avait détourné les supercalculateurs de la NASA pour le faire. De toute façon, depuis que plus personne ne se tournait vers l’espace, il fallait bien occuper ces outils à des fins prestigieuses. Interpréter les données, c’était la tâche qu’elle s’était gardée sous le coude. Elle avait besoin de comprendre pourquoi, alors que 98 % de la population humaine se déclarait favorable à la préservation de l’environnement, que 78 % possédaient un animal domestique, 72 % des plantes, 99,9 % s’émerveillaient devant les paysages somptueux à travers le globe, la faune sauvage, 100 % devant les chatons, on continuait à la massacrer. Gaïa éteignit d’une pensée son interface homme / planète et s’en fut digérer toutes ces informations. Il n’y avait que 0,00001 % de chance que l’Humanité soit indifférente à leur sort commun, mais apparemment, c’était cette probabilité infinitésimale qui s’exprimait.

Anthony Boulanger


Quelque part au Panthéon, à la cave :
ODIN.— Ouh, la, la ! Quand elle fait cette tête d’enterrement, c’est qu’elle est pas contente.
(pouffe) LA CAMARDE.— T’es con, toi.
LA MORT. — Monsieur Odin ! Daignerez-vous partager avec le reste de vos collègues ce qui met la Camarde et vous-même d’humeur si joyeuse ?
ODIN.— Rien d’important, madame.
LA MORT.— J’en suis convaincue. D’autant que ce que j’ai à vous dire ne me fait pas rire du tout. Les chiffres de l’INSEE [l’Institut Nécrologique de la Statistique Eteints et Enterrés NdA] sont tombés et autant vous dire que c’est décevant. Et particulièrement dans votre région, monsieur Odin.
ODIN.— Ben, c’est que depuis les Vikings, j’ai plus trop l’occasion d’organiser des banquets…
LA MORT.— Toujours la même excuse…
PESTILENCE.— Mais c’est vrai que c’est pas facile. Moi, à cause des progrès de la médecine, j’y arrive plus.
LA MORT.— Toujours des excuses ! Il faut vous mettre dans la tête que les six glorieuses sont terminées. Et nous ne connaitrons plus d’apothéose comme celles des 6 et 9 août 1945.
CHARON. .— Un bouquet final de 100 000 morts. Et en quelques minutes seulement.
OYA1 .— Madame, je pensais justement faire dégénérer la crise des missiles dans mon secteur à Cuba.
LA MORT.— Surtout pas ! À la première bombe qui explose, ce sera la fin de l’humanité. On ne va épuiser nos ressources d’un seul coup, non ? Je te donne d’ailleurs huit jours pour arrêter ce bordel.
HADES. .— Puisque la guerre civile n’est pas très loin en Grèce, je me demandais si je pouvais pas…
LA MORT.— Tu me fatigues avec ton obsession, Hadès. Je dois te le dire en latin ou quoi ? La guerre de Troie n’aura pas lieu.
YAMA2 . — Madame, j’ai une idée.
LA MORT. — Vas-y toujours.
YAMA. — Eh bien je me demandais si j’essaierais pas de lancer une guerre entre les deux pays les plus peuplés du monde.
LA MORT. – Enfin, une bonne idée ! Les autres, prenez-en de la graine.

20 octobre 1962 : déclenchement de la guerre sino-indienne. Le résultat sera cependant décevant : 2000 morts. Comme prévu la crise des missiles à Cuba se termine le 28 octobre de la même année.

1 Gardienne des âmes des morts, à Cuba.
2 Dieu de la mort Hindou, connu sous le nom de Yanluowang dans le bouddhisme chinois.

Père Désoeuvré


— Oh, les beaux yeux ! me dit l’auteur de BD en me regardant par-dessous ses verres en demi-lune. Elle est prête à avoir sa dédicace, la demoiselle ?
Je ris, un peu intimidée car j’étais haute comme trois pommes quand je lisais les aventures potagères de son personnage fétiche. Il ouvre l’album que j’ai choisi, et en quelques coups de crayon assurés, fait apparaître un gros nez, un masque et…
— Bretzel liquide ! Je veux m’échapper de ces pages ! à moi l’échappage !
Le dessin s’anime, secoue le livre, veut faire s’effondrer le 4ème mur.
— Arrête de bouger, bougre de cornichon ! s’agace l’artiste. Faut que je dessine aussi Chourave.
Il dessine rapidement un légume tout rond au nez en patate puis referme vite l’album avant de me le rendre. La couverture vibre des petits coups de poings des deux héros végétaux.
— Voilà, vous attendrez quelques heures avant d’ouvrir, sinon, ils vont se sauver.
Et d’ajouter devant ma mine ahurie :
— J’ai réussi à rendre mes personnages un peu trop vivants, que voulez-vous…

Joyeux anniversaire, Nikita Mandryka, le papa du
Concombre Masqué.

Nelly Chadour


« Sujet: quelle est notre part d’animalité? »
« Facile! 50 % »,répond le lycéen loup-garou.

Sandrine Scardigli

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