Fin de l’année, on jette les agendas, les calendriers, les confettis, les mauvais souvenirs. Du passé, faisons table rase pour construire du neuf. Vraiment ?
On continue sur l’autoroute pour les Enfers, on alterne entre le travail et le sommeil, on continue sur l’autoroute des Enfers, on alterne entre l’espoir et le soupir, puis on revient à broyer du noir. Vivement le 31 décembre 2016 pour une nouvelle chance de quitter le fil du rasoir.
31 décembre 1973 : premier concert d’AC/DC.
Anthony Boulanger
Magister militum,
Je vous écris des bords du Rhenus afin de vous tenir au courant des attaques des barbares. Votre victoire écrasante contre Ragadaise n’a pas éteint les ardeurs des Vandales qui tentent à l’heure actuelle de traverser le fleuve gelé. Je dois dire que le spectacle auquel j’assiste est bien plus drôle que n’importe quel jeu du cirque. Quelle ironie que l’histoire ne retiendra de ce jour que les chutes de ces Vandales sur le Rhenus gelé.
Le 31 décembre 406, les Romains rigolent des chutes des Vandales sur le Rhin gelé. Cependant on se souviendra de ce jour comme le début de la chute de l’Empire romain.
Père Désoeuvré
Il saute et atterrit raidement, pieds joints, se tord une cheville. On lui avait pourtant dit de faire une roulade pour s’amortir. Il a encore oublié. Il oublie tous les ans… Le champagne, ça n’aide pas. Tant pis, se dit-il en boitant. Il n’a pas oublié son échelle, c’est l’essentiel. Ç’aurait été crétin de ne pas pouvoir remonter de la faille temporelle.
Comme on le lui a enseigné, il se met à crier comme un cochon qu’on égorge, enchaîne sur des litanies inventées et des incantations honomatopesques. Évacuation des pensées vaseuses, vidange des méninges-tampon. Voilà, il est prêt. C’est parti : il tourne sur lui-même, tourne, tourne, tourne… aussi vite qu’il peut – pas facile avec sa cheville –, jusqu’à ce que les parois lui semblent défiler comme le point de vue sur un grand huit. Lorsque tout devient rouge, puis noir, lorsque la nausée le prend, que ses jambes se dérobent sous lui et qu’il s’effondre comme un fêtard ivre mort, vomissant son champagne au rythme des pétards qui explosent en ville, il sait qu’il a réussi : alors que le reste du monde passe à 2016, il a rejoint, lui, le 1er janvier 2008. Il boycotte cette nouvelle année, comme les précédentes. Écolo dans l’âme, il n’aime pas gaspiller : il ne mettra 2008 à la poubelle que lorsqu’elle ne sera plus en état de servir.
Le 31 décembre 2008, on assiste aux premières manifestations contre le changement d’année, dans le but de sensibiliser contre le tout-jetable.
Dean Venetza