— Et moi je te dis que je ne veux pas me balader avec dix-sept kilos de câble, ça va me ralentir !
— T’es une grosse maligne, Marielle, mais comment tu crois que font tes adversaires ? Elles n’ont pas le choix !
La jeune skieuse soupira et lança un regard assassin à son entraîneur.
— Mais si tu as une idée, je t’écoute, hein, puisque tu sais mieux que tout le monde, continua le coach.
Marielle Goitschel repensa à ses vacances d’été à New York et, en particulier, à un ami d’un ami d’un ami de ses parents qu’ils avaient rencontré là-bas.
Comment s’appelait-il, déjà ? Ah oui, Martin Cooper… Un scientifique excentrique qui lui avait parlé d’un projet révolutionnaire. Il pensait que le monde n’était pas prêt pour une telle invention avant au moins dix ans.
Elle allait le retrouver et le faire changer d’avis. Et comme ça, elle battrait les autres skieuses les doigts dans le nez.
Bien sûr, son coach ne vit pas son idée d’un bon œil : « Quoi, mais tu vas rater au moins 2 semaines d’entraînement… Alors que le championnat du monde est dans un mois et demi ! », mais sa décision était prise.
Et ça marcha. L’adolescente déterminée convainquit Martin Cooper, l’ingénieur de Motorola, de lui fabriquer le premier prototype de téléphone portable.
Avec ce volumineux appareil, lourd comme une brique, mais quand même bien plus léger que des milliers de mètres de câble, elle put faire sa descente en un temps record. Comme ses concurrentes, elle put commenter chacune de ses figures, chacun de ses virages au moment où elle les effectuait. Le jury, à l’autre bout du « fil », jugeait ainsi de l’intention artistique de la skieuse en plus de ses prouesses techniques.
Elle remporta l’épreuve haut la main. Il faut dire qu’en plus du franc succès remporté par cette machine révolutionnaire, la coque Hello Kitty qu’elle avait choisie pour le téléphone portable fit son petit effet.
18 février 1962 : Marielle Goitschel devient, à 16 ans et demi, championne du monde de combiné (ski)