Il avait presque tout. Le tournevis dans la poche intérieure de sa veste, le long manteau marron légèrement cintré, les lunettes posées sur son nez… Mais voilà, il hésitait. Au tout dernier moment, il se posait l’ultime question : devait-il prendre le fez et le nœud papillon ? Tout changer au dernier moment ? Après tout, aujourd’hui, il pouvait enfin être lui-même. Enfin, l’une de ses identités pouvait s’exprimer. Il hésitait juste quant à l’apparence à adopter.
Oh et puis zut… songea-t-il en enfilant ses converses. Le dixième a toujours été mon préféré de toute façon.
Fin prêt, le Docteur sortit de la cabine téléphonique (banale) dans laquelle il s’était changé. Aujourd’hui, et aujourd’hui seulement, prétendre qu’il était un voyageur temporel ne l’enverrait pas à l’asile psychiatrique. Autant en profiter !

Hommage à Docteur Who, par Bénédicte Coudière

« … et c’est donc là que nos ancêtres signèrent le grand accord de Paris.
— Madame, c’est ça qui nous sauva ?
— Oui, tu as bien retenu.
— Mais, madame… Je n’ai pas compris comment ils ont fait.
— Souviens-toi : les dirigeants de tous les pays présents s’engagèrent à mettre en œuvre dès 2016 des politiques économiques et financières basées sur l’écologie. Ils sauvèrent ainsi et leur économie vacillante… et assurèrent notre survie.
— Ils étaient tous d’accord ?! Oh, c’est beau ! Ils étaient drôlement sages. »
8 décembre : une classe d’élèves du XXIIIe siècle voyage dans le temps pour assister à la COP21.

Sandrine Scardigli

Les déplacements dans le temps génèrent des paradoxes qui se résolvent d’eux-mêmes en laissant des échos derrière eux, des bribes d’informations, des légendes, des histoires de fantômes. C’est un fait scientifique établi dans quelques années.
Le Voyageur temporel, fort de cette connaissance que tous avaient auparavant, contemple son calendrier. Nous sommes le 8 décembre, et c’est le jour anniversaire de son invention que théoriquement il n’a pas encore inventée. Dans deux siècles, ce sera bon. Aujourd’hui, il va profiter de la journée aux côtés des Marty McFly et autres Doc Brown et Doc Who pour leur raconter comment sera le monde dans quelques décennies, sans que ses auditeurs ne soient conscients que ce qu’ils prendront pour des affabulations ne sera que la vérité à venir.

Anthony Boulanger

— Gardien ! Gardien !
— Ouais, ouais qu’est-ce qu’il se passe ?
— Je n’ai plus d’encre. Je dois continuer à écrire. Vite !
— Sur un autre ton !
Une heure plus tard.
— Qui êtes-vous, où est passé le gardien ?
— Il est occupé ailleurs. Tenez, j’ai quelque chose pour vous.
— C’est quoi tout ça. J’ai demandé de l’encre pour écrire.
— Je me suis dit qu’avec votre vocation contrariée, vous auriez peut-être plus envie de peindre. À mon avis, ça vous occupera mieux l’esprit et canalisera mieux votre rage.
8 décembre 1925 : parution de Mein Kampf

Père désoeuvré