— Bonjour, madame Riley, vous avez l’air de joyeuse humeur.
— Oh, mon père. Je crois que le Seigneur a entendu mes prières.
— Que voulez-vous dire ? Vos angoisses à propos de votre fils auraient-elles disparu ? Pourtant, vos tourments étaient graves. Vous m’aviez même confié que vous doutiez qu’il soit de vous.
— Mon père, je sais bien. Cette idée m’était venue le jour même de son baptême. Nous avions mis un certain temps à nous mettre d’accord avec mon mari pour choisir son prénom. Vous souvenez-vous que nous avons même dû vous le souffler pendant la cérémonie ? À ce moment précis, son regard avait changé, il était devenu plus grave. J’en frissonne rien que d’y penser. Mais bon, tout cela n’est plus qu’un mauvais souvenir aujourd’hui.
— Mais attendez un peu, nous avions bien parlé de possession, si j’ai bonne mémoire ?
— Bien sûr. Mais…
— Et ces textes impies qu’il s’est mis à écrire à l’âge de cinq ans ! Dans un style qui rappelle ce mécréant d’Allan Poe. Je crois qu’un petit exorcisme reste de rigueur.
— Mais non, mon père. Je vous assure, tout est rentré dans l’ordre ce matin. Alors que je me lamentais sur ses textes, il s’est tourné vers moi et m’a dit :
« Maman, tu as raison. Je vais me mettre à faire des textes légers. Au moins comme ça, je ne risque pas d’être traduit par Baudelaire. »

Le 7 octobre 1849 mourait Edgar Allan Poe et naissait James Whitcomb Riley

Très librement inspiré de la nouvelle Morella d’Edgard Allan Poe